[RP] Aeternia: Unlimited

HRP: Ce RP est d'un tout autre genre que le BlackArmor's Project. Il n'est pas bien ecrit, il y a des problèmes importants de cohérence, et il est fait pour rigoler un bon coup.
De plus, c'est la troisieme partie d'une énooorme cosmologie, donc il fait référence à des évènements qui ont déjà eu lieu, j'essaie de ne pas paumer le lecteur, mais c'est un peu dur.
Du côté des points positifs, c'est un RP qui a beaucoup été lu car plus aéré et léger que le BlackArmor's Project, avec quelques passages que je trouve marrants (notamment l'histoire du casino).

La légende racontait que la toute-puissante planète Terra, détruite après que les ingénieurs d'entretien d'une de ses innombrables étoiles de la mort aient trop bu et tiré sur la planète, avait vu 7 de ses habitants lui survivre. Il se nommèrent les Théarques, et jurèrent de retrouver une capitale pour reconstituer leur empire à l'aide des habitants colonisés. Leurs véritables noms se perdirent dans l'histoire, avec sans doute, la véritable version des faits.
I°) DC 92
UT : 1876, 2 :11 :35 3h46. DC 92
Witness se réveilla dans son palais de DC 92.
"Pu... de réveil, s'exclama-t-il, avant de massacrer le coupable à coups de sabre"
Ayant suffisamment passé sa colère sur le pauvre engin, il se leva et prit un nouveau réveil dans sa réserve, une armoire de 3 mètres sur 1,50 remplie de ces machines.
Soudain, il regarda l'horloge: il était 3h46 du matin... Son réveil n'était donc pas le coupable de l'horrible crime de lèse-majesté. L'alerte rouge était déclenchée.
Dans le brouillard, il se prépara son petit déjeuner, tentant de répondre une bonne fois pour toutes à la question qui l'empêchait de vivre: Où passent les pains de mie du toaster et d'où viennent ces *^$= de toasts trop cuits??
Remettant à demain son insatiable quête de la vérité suprême, il se rendit au Q.G.
"Alors, pourquoi donc m'avoir réveillé?" s'enquit-il
"Un étranger du nom de Nydus vous demande. Il vient à bord d'un vaisseau de la Fédération Nidgardianne."
"NYDUS?? Vous êtes sûrs?"
"Pourquoi, c'est un ami?"
"On ne s'est pas revus depuis, oh, une éternité!"

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Le vaisseau clinquant se posa sur l'astroport. Un grand homme nerveux en sortit, au milieu d'une escorte.
Witness s'avança:
"Qui d'entre vous est le Seigneur Nydus?"
"C'est moi, répondit l'homme, je suis ici pour traiter du cours du saumon."
Witness sourit. C'était le code convenu....
"Bien. Il est en effet d'une importance politique vitale. Pourrions-nous nous entretenir seul à seul, sous protection de 2 membres de nos escortes respectives?"
"C'est entendu. Voilà mon garde du corps"
Un homme massif se détacha du groupe. Une cicatrice lui barrait le visage. Quelque chose émanait de lui, comme une aura qui était familière à Witness...
"L'audience est fixée à 9h du matin. Veuillez accepter mon hospitalité pendant ce délai."
Nydus acquiesça. Ils se séparèrent et Witness retourna, troublé, dans ses appartements.
"Connaissez-vous ces deux hommes?" s'enquit le Général Rutherford.
"Pas de protocole entre nous, il n'y a personne, June. Je ne comprends pas... Il a l'air soucieux, pourtant, si il y avait eu un problème, ce serait du cours de la carpe mangeuse d'hommes dont il m'aurait parlé..."
"Cela a un rapport avec votre "mission"?"
Witness sourit. Des années avant, June l'avait accueilli alors qu'il errait de planète en planète. Il lui avait immédiatement fait confiance et l'avait porté sur le trône de DC 92, une station orbitale devenue richissime pendant son règne. June avait sûrement deviné des choses par rapport à son passé, bien que Witness ne lui ait jamais parlé que d'une "mission". A présent, c'était Nydus qui revenait. Qu'étaient devenus les autres? Hrag était mort suspectement avec Aetius, mais il en restait encore...
"Dakan, je sais que tu ne veux pas en parler, mais si ce gars est bien l'un de vos compatriotes de ..."
"Tais-toi. Nous nous devons d'être discrets. Depuis quand sais-tu?"
"C'est à moi d'avoir un secret maintenant."

Il s'éloigna, laissant Witness plus perdu que jamais.

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UT : 1876, 2 :11 :35 8h55. DC 92

Witness se rendit à l'Ambassade. Là, la porte s'ouvrit sur Nydus qui l'avait devancé. Les deux gardes restèrent dehors. On aurait dit que June détestait celui qui, Witness l'avait appris par ses services de renseignements, se nommait Severus.

"Bonjour à vous, ô glorieux empereur Witness!"
"Toujours aussi mordant, les millénaires ne te changeront pas..."
"J'avoue que je suis surpris de retrouver ici quelqu'un de ton ... envergure." Le dernier mot était prononcé avec un mépris insondable.
"Que viens-tu faire ici?" répliqua brutalement Witness. Ce n'était pas une demande polie: c'était un ordre.
"Eh bien, je viens te dire que le saumon se porte bien, D..."
"Tais-toi! Personne ne doit connaître mon nom! Tu es venu pour mettre le bazar ici ou quoi?"
"C'est comme ça qu'on accueille un ami de toute ... éternité?"
"Parle pour toi. Je ne t'ai pas vu à l'enterrement de Hrag. La dernière fois qu'on s'est vus, je crois que tu faisait moins le malin, chien de Nauthul!"
Les deux protagonistes s'arrêtèrent un moment pour se dévisager.
"Qui a dit que j'étais venu ici pour lui? Réfléchis, Witness (il appuya son ton sur ce mot), ma quête est celle du pouvoir suprême, et Nauthul..."
"Nauthul ne veut rien, sauf le Chaos. Je croyais que notre but à nous..."
"Notre but à nous est mort, avec nos chefs. Nous avons été créés artificiellement pour un but, dont les instigateurs sont morts. Pourquoi leur obéir alors que nous résistons au temps mieux qu'eux? Pourquoi servir des maîtres qui nous ont toujours été inférieurs?"
"L'assassinat de Templa, c'était toi!"
Dakan commençait à franchement regretter de ne pas avoir passé plus de temps à comprendre le secret du toaster.
"Ecoute, je suis ici pour te faire une proposition. PAS pour t'entendre me faire des reproches. Bien. La toute-puissante Fédération Nidgardianne à laquelle j'appartiens veut ton soutien. Je ne te cacherais pas qu'il lui est crucial."
"Je croyais que cette planète était un repère de bouseux?"
"Ils ont besoin de toi, imbécile! Bon, ils veulent décapiter la Secte Démoniaque."
"Qu'est-ce que cette guéguerre entre guildes a affaire avec moi?"

Nydus s'arrêta, l'air dur. Pour la première fois, Witness revoyait son ancien ami. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut d'un ton empli de haine et de tristesse.
"Leur chef, c'est Nauthul. L'assassin de ton ami Hrag."

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Le silence régnait depuis plus de cinq minutes dans la salle.

"On va voir ce qui se passe?" proposa June
"Ton rôle n'est pas de poser des questions ou d'enquêter. Tais-toi et garde!"
répondit Severus
June sourit.
"Je devrais me méfier de ce type, il a l'air d'en savoir beaucoup trop..." pensa Severus. « Je sais pas pourquoi, mais j'ai l'étrange impression qu'on va se revoir... »

Enfin, Nydus ressortit. Il avait l'air contrarié.
"Le saumon a sauté en dehors de la poêle, partons!"

June retrouva un Witness abattu dans la Salle de Réunion.
"Que se passe-t-il?"
Witness redressa la tête.
"Je viens de condamner ma vie et cette planète. VOILA CE QUI SE PASSE"
Une chaise vola contre le mur
"Ce gars a tué mes amis et moi, je suis trop froussard pour les venger!"
"Witness, tes cheveux rougissent, arrête tout de suite cette colère puérile..."
"Vas-y avec tes sermons oiseux! J'en ait rien à foutre tout de façon, on va tous crever. Y a la fin du monde qui nous guette et nous, on fait la fête (HRP: Vive Didier Super!)! Mais tout de façon, Rutherford-le-général-parfait-qui-ne-succombe-jamais-à-la-colère va nous trouver une ..."
"STOP! Tu arrêtes immédiatement avec tes conneries d'accord? OK, tu as refusé de tuer Nauthul. OK, la Fédération Nidgardianne va te tomber dessus. Mais arrête de te cacher derrière une rage enfantine. Tu sais très bien ce que tu as à faire, et tu es terrorisé, c'est tout. D'ailleurs la chaise coûtait trois kopeks."
.........
"Et qu'est-ce que je dois faire, alors?" murmura Witness, d'une voix dont la rage était difficilement contenue.
"Vas au-devant de l'ennemi. Quitte cette planète sur-le-champ et vas les tuer, tous!"
"Tous? Nydus, Hirgoth, Nauthul?"
"Tous. Après, je te dirais quoi faire."
"EH OH! C'est moi l'empereur ici! Depuis quand tu me donnes des ordres?"
"Depuis que tu as décidé de quitter DC 92, tu n'es plus empereur, je ne suis plus le Général Rutherford. Nous sommes June et Witness. Nous sommes amis. Prends tes affaires maintenant, je m'occupe du reste."

....................................15 minutes plus tard........................................

UT : 1876, 2 :11 :35 10h00 DC 92. Les Etoiles de la Mort apparaissent.

"Viens Witness, on part!"
June désignait un chasseur lourd vide.
"Des millions d'âmes vont payer mon orgueil."
"Des millions d'âmes paieront pour tuer Nauthul. Il faut me suivre, maintenant."

Un vaisseau lourd s'échappa de l'atmosphère orangée de DC 92.

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Plus haut:

"Maître, Witness vient de s'enfuir."
"Bien. Reviens auprès de Nydus. Mes plans marchent comme prévu."

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"Ah, Severus. DC 92 est à notre merci."

"Witness, en refusant mon aide, tu as refusé mon but. Je ne peux te laisser vivre. J'en suis désolé. Je te vengerais."
Nydus pressa un petit bouton.
"Ainsi soit-il, Dakan."

UT : 1876, 2 :11 :35 10h05. Champ de ruines 23b du champ inverse, en attente de recyclage.

DC 92 avait cessé d'exister.

II°) Retrouvailles:

"MAIS POURQUOI AS-TU APPORTE CE TRUC AVEC TOI?"
June commençait VRAIMENT à en avoir marre de voir Dakan manipuler le toaster dans tous les sens sans se soucier des commandes qu'il avait été obligé de lui céder: non seulement June ne savait pas piloter, mais en plus il avait horreur des vaisseaux.
"Je cherche la porte hyperespace qui amène les toasts, ignare!"répondit-il, touché dans sa dignité de grand toastologue.
June préféra se taire...
"Bon, on arrive dans le système Tanharth."
"On va y faire quoi, « Dakan »?"
"On va y chercher un vieil ami. D'avant que tu me connaisses."

UT : 1876, 2 :11 :37 15 :32. Système Tanharth.

Le vaisseau se posa sur une splendide planète aux cascades miroitantes. L'eau tombait lentement sur cette planète où tout semblait aérien.
Ils se dirigèrent vers une immense structure élégante.
"Bon, je te donne le topo: j'ai erré longtemps avant de m'échouer sur feu DC 92. Cependant, j'ai passé beaucoup de temps ici. Cette planète était la demeure d'un peuple qui a disparu lors de la Première Apocalypse."
"Je ne savais pas qu'il était censé y en avoir plusieurs."
"Oh, les trois ont eu lieu. Mais sur un monde que tu ne connais pas. Je t'expliquerais plus tard, c'est là que nous nous sommes rencontrés Aetius, Hirgoth, Nauthul, Hrag, Nydus et moi."
« Ah, c’est une sorte de club de rencontres pour dirigeants de consortiums quoi ! »
Ils pénétrèrent dans un lieu d'un blanc étincelant et de la taille d'une cathédrale, où circulaient un grand nombre de personnes de tous les horizons. Dakan s’avança à un guichet.
« Le seigneur de cette planète je vous prie. »
« Vous voulez parler du grandiose duc de Tanharth, vainqueur des Démons, nommé deuxième plus bel empereur de la galaxie après la honteuse tricherie d’un wookie ? »
« Il avait le poil soyeux ce wookie ! »
« Je sais, mais c’est ce qu’il veut que les guichetiers disent. Il dit que c’est pour « promouvoir une planète en constant mouvement. » Prenez un ticket et patientez. »
« Je vois, on attend notre numéro ? »
« Non, vous jouez à la loterie. »
Elle désigna une roue de la fortune au mur, avec les numéros des gens amassés ici. Les prix allaient de « un bisou du glorieux seigneur de Tanharth » à « un dîner en tête à tête avec notre duc adoré », en passant par la peluche à tête de duc. Dakan haussa les yeux au ciel. Au moins, en voila un qui n’avait pas changé !
« June, prends un ticket ! »
« C’est hors de question de dîner avec lui ! »
« C’est pas grave ! »
« Non, je refuse ! » lança-t-il d’un air digne, s’éloignant à grands pas pour être sûr de ne pas être pris pour un ami de Dakan.
La roue fut lancée. Dans un suspense insoutenable, elle cliqueta jusqu’à s’arrêter.
Dakan avait gagné le bisou. Derrière lui, des filles en pleurs se disaient qu’elles allaient mourir. Il tenta de les rassurer.
« C’est pas grave… vous l’aurez une autre fois ! »
« Vous comprenez pas ! Ca fait deux ans que je dois lui parler de ce dossier ! On a encore gagné le dîner ! »
Et elle éclata en sanglots.
Soudain, des spots se tournèrent vers la scène, et un grand homme musclé, mais pas trapu, habillé d’un vêtement princier, aux longs cheveux bruns apparut, l’air conquérant.
« Salut à tous, et surtout, à toutes ! Que les gagnants et gagnantes s’avancent ! »
Ils s’avancèrent, l’air réticent. Soudain, ce fut comme si les yeux de Kalagor lui sortaient de la tête.
"Dakan???"
"Bonjour, Kalagor. Ca faisait longtemps... Tu me dois un bisou."
« Euh, ça ira pour cette fois… Que fais-tu là ?? »
« Je viens te tirer de là, tu as vraiment l’air de t’ennuyer ! »
L’assistance suivait le dialogue avec espoir.
"J'avoue. C’est marrant un temps, mais rapidement on se lasse ! Je rouvre mon commerce de combattant ! »
Ce disant, il sauta de la scène en tournoyant, et des flammes s’élevèrent de ses vêtements. Lorsqu’il se releva devant l’assistance éberluée, il avait désormais les cheveux bruns-rouges courts et en bataille, son éternel bandeau en travers de sa chevelure. Ses vêtements aussi avaient été affectés. Ils étaient maintenant courts, formant une armure recouverte par endroits de vêtements rouges et blancs. Aux soupirs des filles de l’assemblée, il était bien mieux ainsi.
« Alors tu as survécu, sur Proxima? Je t'ai perdu de vue lors de la bataille de Zero Proxima."
"Nos armées ont été séparées, mais j'ai pu m'enfuir, et j'ai échoué sur une petite planète."
"DC 92, hein? Je me demandais comment elle avait pu devenir si riche en si peu de temps. Moi, j'ai eu moins de chance. On s'est fait réduire en purée par ces enfoirés de démonistes. Je suis resté sur cette ^*ù(- de station orbitale tout seul avec des fous pendant 2 mois, avant qu'on ne me récupère. Comment tu as su que j'étais là?"
"Un article de F.D.T.R Mag (Femelles De Toutes Races Magazine) sur les 100 plus beaux empereurs de la galaxie."
"Et encore, elles ont pris mon mauvais profil. Que me vaut cette visite de courtoisie?"
"Eh bien, Nydus est revenu et..."
"QUOI??? Je croyais que ce fumier était mort sur Aeternia!?"
June les interrompit
"Vous vous êtes connus sur Aeternia !"
"Ouais, répondit Kalagor avant que Dakan ait pu lui répondre. On leur a mis une sacrée branlée, à ces Terriens!"
Dakan s'enfouit le visage dans ses mains. Venir ici était un pari risqué. Il avait perdu.
"Bon, on part quand chasser cette raclure?"
"Ben, prends tes sabres et Sharaïa, et on y va."
"Sharaïa , hahaha!! Elle est restée sur Proxima. Le chef des Démonistes l'a, comme qui dirait, gardée en travers de la gorge. Non, maintenant, j'ai mieux."
June se demanda comment on pouvait traiter une femme de cette façon, quand il vit Kalagor dégainer une flamberge de 1,75 mètres.
"Bon, on massacre tout de suite? J’ai ma nef qui nous attend… »
"NON! Kalagor, on ne prendra pas ta nef impériale. Il nous faut être discrets!"
"Wit...Dakan, si je te vois encore UNE fois conduire ce chasseur avec les pieds en tripotant ton toaster, je te tue!" s'exclama June
"Ah, tandis qu'on en parle, je l'ai retrouvé, caché dans une poubelle. Tu ne saurais pas qui est-ce, Général?"
June préféra se taire, sans même demander ce que faisait Dakan à fouiller dans les poubelles. Il l'avait enfoui profondément pourtant....
"Bon, alors on fait quoi môssieur l'agent secret en herbe?" Kalagor commençait à être franchement énervé. "On récupère Ulth'?"
"Euh, non. Il est reparti sur Aeternia faire son rapport à Seal.
"Et c'est reparti pour une discussion incompréhensible" se dit June
"Ben t'as qu'à te téléporter à Na'Bako, t'as laissé une balise là-bas, non?"
"Euh, je l'ai vendue pour acheter des réveils."
"Des réveils, mais..."
"Laisse tomber. Bon. Objectif Templa. C'est la planète de Nydus."
"Ah parce que ce porc est empereur? Aeternia, c'est la Planète Académie ou quoi? Même Ulthuan a un consortium. Il a pas voulu m'y inviter..."
"Bon, fermez-la. On achète ce vaisseau là, il est parfait." leur dit June, exaspéré par la discussion. Il désignait un petit vaisseau rapide, mais avec pilotage assisté, d'occasion. Ils l’achetèrent avec l'argent de Kalagor, Dakan n'ayant pas voulu revendre son grille-pain chromé multifonctions (dont radio et bain moussant).

III°) Ulthuan.

UT : 1876, 2 :11 :42 2h00. Coordonnées indisponibles.
Le voyage se passait bien. Deux semaines après (les sauts hyperespace étaient surveillés), ils avaient parcouru 500 années lumière.
"Qu'est-ce que c'est que ça??" dit June, alerté par le radar.
"Formation en dent de Serpent Bicéphale. Des chasseurs de la Fédération." répondit Kalagor
"Oh, meeeerrrrrdeeeee!"
Ils entamèrent une vrille. Les chasseurs larguèrent une salve de missiles dont la traînée bleuâtre était synonyme de mort pour tout autre pilote que Kalagor
"Banzaï!!!" cria-t-il lors de l'amorce d'un plongeon qui fit remonter les entrailles des passagers dans leurs dents.
"Branche-toi sur leur fréquence, vite!"

Quelques transistors grillés plus tard.

"crrr Destruction du convoi suspect dans trois, deux, un..."
Le zéro ne vint jamais. Une explosion se fit entendre dans le cockpit du capitaine de la formation.
De gigantesques croiseurs attaquaient les chasseurs de la Fédération. En un instant, le rapid fire des assaillants détruisit les Nidgardians.
"T'as une idée de qui ça peut être, June?" demanda Kalagor
"Je ne reconnais pas ces vaisseaux... Qui est donc leur maître?"
"YES! Mon plan a marché!" s'exclama Dakan
"HEIN?"
Le chasseur fut happé par des rayons tracteurs.
Une porte s'ouvrit sur un homme grand et mince à l'air taciturne. Ses yeux perdus dans le vague ne laissait paraître aucune émotion. On aurait dit qu’il venait juste de les quitter.
"Salut à toi, Ulthuan!"
"Salut Dakan, ça faisait longtemps. Pourquoi tu m'as appelé?"
"On a des gros problèmes avec la Fédération, les Démons, ..."
"Et les toasters, finit Ulthuan dans un de ses rarissimes sourires. Venez."
"EH OH! J'aimerais que tu m'explique d'où tu tiens ces vaisseaux, mon pote!" cria Kalagor
"Tiens donc, un vieil ami. Kalagor, tu devrais savoir que c'est gâcher de la salive que de me poser des questions." répondit Ulthuan suavement.
"Bon, j'espère que vous savez au moins que ces chasseurs ont été envoyés par Nauthul." Continua-t-il
"Mais je ne comprends pas! Nauthul est mort sur Aeternia! Tu l'as vu, non?"
"Il s'est en effet pris une décharge magique capable de rayer un continent de la carte. Mais il n'a pas été tué. Il a été téléporté dans le temps et l'espace. C'est lui, le fondateur de Terra et de la Fédération."
Ils marchèrent longuement dans le couloir. Après un moment de silence, June lança:
"Y a un truc que je comprends pas Dakan. Tu es un Théarque, vu que tu es immortel, et puis tout de façon j'ai vu ton nom dans la légende du début de l’histoire. Alors comment tu as pu mettre une branlée aux Terriens??"
"Kalagor, la ferme! dit Dakan avant même que ce dernier ait pu gaffer encore une fois. "Ben, je pense que tu fantasmes. Moi, un Théarque? Franchement, tu m'as vu, avec mes toasters et mes réveils..."
"Dakan, tu n'as jamais su mentir. Général Rutherford, si notre vieil ami ici présent ne veut pas vous révéler la vérité, il a ses raisons. Suivez-moi dans la salle de conférence." coupa Ulthuan
Ils pénétrèrent dans une salle sphérique aux verrières holographiques donnant sur un espace blanc nacré. Une cité.
"Waoh, on se dirait à Seal!" lâcha Kalagor
"En fait, c'est Seal. On a rendez-vous avec mon père."
"Il est important?" demanda June
"Plutôt, ce n'est plus l'Archonte, mais il est conseiller du nouveau. Bon, je fais un résumé pour notre ami ici présent. Aeternia est un monde créé par les Xénos, race de la Première Apocalypse. Puis les Terriens sont venus et ont monté des expériences génétiques pour combiner le psychisme de cette planète et ses habitants. Ils durent partir chassés par les Démons. 3000 ans plus tard, ils sont revenus: la Troisième Apocalypse. On s'est battus, et on a été forcés de détruire la magie à jamais pour les massacrer. Nauthul s'est pris l'énergie de la planète dans la tête. Hirgoth, on l'a perdu de vue, et Nydus a été capturé par les Terriens pour les avoir trahis."
"Mais c'était quoi la mission des Théarques? »
"Les prévenir du réveil de la magie et vaincre les Démons. Ils ont été rendus immortels pour cette raison. Seul Nauthul s'est occupé de sa mission, en assassinant Hrag, Aethius, et des milliers de gens."
"Et Terra, dans tout ça?"
"Cette bataille, c'était il y a 35 ans. Terra a explosé pour une raison inconnue il y a 30 ans. On a continué à se battre contre les Démons malgré tout, et, avec l’aide des aeternians et de leur magie, les consortiums unis les vainquirent. On a récemment appris que Nydus avait survécu à Terra: son convoi de déportation n'était pas arrivé sur Terra quand elle a explosé. Il a été libéré pour une obscure raison. Il a ensuite fait assassiner de hauts responsables de Templa, dont deux guerriers en armure. Ils appellent ça des BlackArmors. »
« QUOI ? » June venait d’émerger.
« Tu les connais ? »
« Je ne crois pas, mais j’ai entendu parler de cette milice. Ce sont eux qui ont mis en échec les Démons avant l’arrivée des aeternians. »
"Nydus m’a dit que Nauthul était lié de manière obscure aux Démons. Il pense qu’il les contrôle."
« QUOI? Si jamais c'est vrai, qu'attend-il? Il contrôle pas Nydus, mais lui fait peur, et Nydus, c'est la Fédération. Il a tout le pouvoir. » nota Ulthuan.
"Nydus me voulait pour tuer Nauthul..."
"Intéressant... Ce gars est le pire traître jamais vu décidément... Bon. On fait un topo. Après le Moyen-Age, seule la FCI, alliée aux aeternians, avait réussi à repousser les Démons. A présent, on peut supposer que Nauthul cherche à reprendre le contrôle d'Aeternia, afin de s’octroyer son pouvoir. Je pense qu’il a compris que tant qu’Aeternia est contre lui, il n’y a pas de victoire possible. Pour cela, il a besoin de toi, Dakan."
"Hein? Il peut l'envahir, non?"
"Je ne sais pas pourquoi il cherche à t'avoir, mais c'est mauvais pour nous. Quoi qu'il en soit, il nous faut massacrer Nydus maintenant."
Un ange essoufflé entra dans la pièce. "Flotte fédératiste ! On va être massacrés!"
"MERDE! Les chasseurs servaient d'appât. Vous n'étiez pas visés, Nydus ne sait peut-être même pas que vous êtes vivants. Vite, téléportez-vous à Templa. Bonne chance! Moi je reste, pour mes vaisseaux."
Ils coururent hors de la pièce à fond. Ils embarquèrent dans une capsule d'espionnage, projetée à 8/10 de la vitesse de la lumière hors du Croiseur Amiral.

UT : 1876, 2 :11 :42 4h00. Coordonnées indisponibles.
La bataille et ses bruits furieux s’éloignèrent dans leur sillage. Ils purent juste voir le vaisseau-amiral d'Ulthuan exploser.

La sonde s'enfonça dans les profondeurs de l'espace. Aucun de ses occupants ne se parlait. Chacun était trop enfoncé dans le choc subi et son impression d'ignorance. Dakan crut voir June sourire plusieurs fois, alors que Kalagor semblait plutôt zen. Il avait quand même perdu son meilleur pote, ils se connaissaient depuis 550 ans!
La sonde arriva dans les profondeurs nacrées d'une nébuleuse de magnésium.
"Barre à tribord", annonça nonchalamment June.
Ces dernières épreuves l'avait comme renforcé. Dakan revoyait Rutherford derrière ce visage, celui qui l'avait accueilli, et qui, à la tête de ses armées, avait conquis DC 92.
"Attention, on arrive près d'Arret. On va se crasher..."
"Encore une fois..."
"Ouais, enfin là on a intérêt à ne pas se faire repérer, sinon on est grillés."
La descente s'amorça. Dakan espérait que le bouclier thermique tiendrait le coup. Il serra son toaster, la seule chose qu'il avait gardé de son ancienne vie,près de lui.
"Il a une fonction berceuse ou quoi, ton truc?" ironisa Kalagor.
"Je suis habitué aux sarcasmes du genre, vas-y, ne te prive pas."
"On accélère, les gars." coupa June

iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiBBOOOOMMMM

Le noir complet. Une éternité passa, plutôt vite d'ailleurs...
"Eh oh! Réveille toi. Tu tirais pas la même gueule sur Aeternia!"

Planète Arret. UT: 16h. Planète de déserts et de plaines de métal.

Dakan se releva. Du sang lui coulait sur la tempe, une coupure, aïe, profonde dans le cuir chevelu.
"Boarf, t'es plutôt en bon état par rapport à l'autre. C'est CA le problème avec vous: vous êtes trop civilisés. Je n'ai même pas hésité à me servir de vous comme coussins... Et on s'étonne que les Terriens aient disparu."
"Kalagor, la ferme!"
"Boh, t'inquiète pas, il est inconscient, pas vrai que t'es inconscient sale larve!' Il donna un coup de pied dans Rutherford.
"J'ai un truc à te demander. Pourquoi tu veux tuer tes potes les Théarques?"
"Réfléchis. J'ai passé 3000 ans sur Aeternia, j'ai retourné ma veste. J'ai décidé de servir les Xénos. Ce sont donc mes ennemis. Ils ont tué des milliers d'êtres humains. Dont ton ancêtre, Hrag, et son fils, Caeldir."
"Ouais pourquoi pas. Mais pourquoi penses-tu que Nauthul te veuille?"
"Lorsque j'ai scellé la magie sur Aeternia, j'ai gardé une empreinte. Je suis le portail. Il cherche à faire revenir la magie. Seulement comme ça il pourra faire revenir les Démons dans leur pleine puissance."
"Mais, t'as pensé aux Xénos? Eux aussi vivent sur le plan psychique. Ce serait cool qu'ils reviennent, non?"
"J'ai perdu contact avec les Xénos depuis la Troisième Apocalypse."

"Oki, c'est bien beau tout ça. On va tuer Nydus, ou on reste à papoter du bon vieux temps?" les coupa Rutherford.
Il arborait un large sourire. Dakan ne savait pas ce qu'il cachait, mais ce qu'il avait appris le comblait de joie.
Ils se mirent à marche dans la poussière de nickel. Les mines les environnaient dans la vaste steppe, désert de métal inhospitalier.
Kalagor rompit le silence:
"Quelqu'un sait où est la capitale de ce trou?"
"T'inquiète pas, je connais cette planète. D'ailleurs, c'est juste la planète minière la plus puissante, capitale du plus puissant consortium de la Fédération, mais tu as raison, c'est un trou!" lui répondit June, amusé. Il avait l'air de très bonne humeur. Son épaule droite était blessée, mais il avait refusé de laisser Dakan y toucher. Il avait ramené en hâte un lambeau de sa veste dessus, comme pour la cacher.

"Je me demande ce que Nydus est venu faire ici!! Franchement, à Sirphis, il avait tout le calme qu'il voulait, c'était beau et vert. Ici, quand on n'est pas tué par les poussières d'aiguilles, c'est par l'herbe en titane... JE HAIS CETTE ..." hurla Dakan
June l'interrompit: "Tais-toi! Vous entendez ce bruit?"
"Peut être un troupeau furieux de vaches d'aluminium" ironisa Kalagor
"Non. Tu as raison June. On doit pas être loin d'une gare minière."
"Derrière le terril..."
Il coururent. En effet, derrière la montagne de gravats se situait une gare titanesque.
"Les minerais sont acheminés ici après traitement. On peut peut-être s'y faufiler..." dit June
"QUOI?" Dakan et Kalagor s'étaient mis d'accord.
"Attendez-moi ici. Je vais repérer les lieux."
June s'éloigna.
"Moi, je lui ferais pas confiance..."
"Attends, c'est mon ami depuis maintenant plus de.."
"40 ans! Et il a changé depuis?"
"Euh, non... Qu'est-ce que tu insinues?"
"Réfléchis. Les seuls êtres à l'apparence humaine qui ont cette résistance au temps sont des Chevaliers-Dragons comme moi, des Anges, ou alors des Théarques."
"C'est impossible. Nauthul, Nydus, Hrag et Aethius, on sait qu'il peut pas être eux."
"Et Hirgoth? Tu sais, on ne l'a pas revu depuis Aeternia
"Je l'aurais reconnu."
Ils furent interrompus par un bruissement.
Les buissons de fer s'écartèrent pour laisser place à un solide contingent.
Leur chef s'avança.
"Sont-ce les hommes que tu m'as désigné?"
"Oui." Un homme s'avança. C'était June. Il semblait changé. Sa bienveillance avait disparu, laissant place à une expression étrange, à mi-chemin entre la ruse et la satisfaction. A son épaule droite, maintenant dénudée, un 7 et un T entrecroisés.

"Ce sont bien Dakan et Kalagor."



PS: Hahaha, vous l'avez dans le cul, hein?

Dakan était complètement abasourdi. June Rutherford, son ami depuis des années, le Général de ses troupes, son conseiller, l'avait trahi. Il n'opposa aucune résistance aux hommes qui le conduisirent dans le train qui les attendait. Ils avaient tout précu. Le coup de filet avait été organisé depuis des jours apparemment. Il avait fallu modifier la rame pour accueillir le fourgon.
"YAAAHH!"
Kalagor assoma deux de ses gardes et commença à se battre.
"Inutile. Sans la magie, il n'arrivera à rien..." pensa Dakan.
"Peut-être. Je devrais pouvoir activer le portail..."
Rien ne se passa. La trahison d'un de ses amis les plus chers l'avait anéanti.
Kalagor s'effondra. June l'avait battu.
Ils furent conduits sans ménagement dans le compartiment.
"Attendez!" cria June. "Vous oubliez ceci."
Il tendit son grille-pain à Dakan.
"N'oublie pas de vérifier pour la porte hyperespace" lâcha-t-il.
"Mais il se fout de toi!" vociféra Kalagor, un oeil au beurre noir. "Il te trahit, et il se permet de te rabaisser! Sale larve puante de Meärow!"
Le claquement de la porte l'interrompit.
Dakan restait songeur. Qu'avait voulu dire June? En tout cas, il était content de ravoir cette silhouette familière à côté de lui.
"Et bien, il est sympa, ton pote le Théarque!"
"Comment tu peux savoir que c'en est un?" demanda Dakan, perdu dans ses pensées.
"Il a le même tatouage que toi. Cela explique le 7. Vous avez toujours été 6, mais en fait il était là depuis le début. Le 7ème Théarque."
"C'est vrai, maintenant que tu m'y fait penser. Il devait être de l'IXS, comme moi. Lorsque les Théarques ont été nommé, il y en avait 3 des T.I, 2 du SGC, et donc logiquement, 2 de l'IXS... Ca n'explique pas pourquoi je ne le reconnais pas... De plus, nous avons tous eu une mission. Pourquoi je ne l'ai jamais vu? Je ne comprends rien..." avoua Dakan.
Le voyage dura deux heures. Enfin, ils furent transférés dans une prison de Sirphis 2, copie conforme de l'ancienne capitale Aeternianne de Nydus.
Ils furent mis dans deux cellules se jouxtant. Le lendemain, ils entendirent du tapage. Un dé filé dans la grande avenue.
"Tu as vu? Ils ramènent des prises de guerre!"
"Ce doivent être des gens importants!"
Le char portant le prisonnier qui causait toute cette clameur entra alors dans la lumière.
"Hé! Regarde, c'est ..." Kalagor fut interrompu par la clameur de la foule
"ET VOICI LE GRAND EMPEREUR DU CONSORTIUM SEAL, RIVAL DE NOTRE SEIGNEUR BIEN-AIME, NYDUS!!" criait un speaker.
"C'est Ulthuan!" finit Kalagor.

UT : 1876, 2 :12 :03 11h56. ARRET
Il était donc vivant... June l'avait visiblement trahi, sinon comment les troupes de Nydus les auraient-ils repérés. Mais, il s'était débrouillé pour qu'il ne meure pas....
Soudain, Dakan se rappela d'un détail. Il ouvrit le grille-pain.
Une clé.
"Hey, Kalagor! On dirait bien que ce n'est pas nous que June a trahi!"
Dakan ouvrit sa porte.
"Viens! On se barre!"
"Mais, t'as une idée de ce qu'il veut faire?"
"Je n'en ait aucune idée. Je pense qu'il veut gagner la confiance de Nydus, mais pourquoi?? Je n'en sais rien... Comment on sort d'ici??"
"Là, c'est moi qui vais t'être utile."
Kalagor courut. Dakan resta en place, ne sachant pas trop quoi faire.
Enfin, Kalagor revint, visiblement content de lui
"Ca ne devrait pas trop tar...."
BBBBOOOOUUUUMMMM
L’explosion souffla les portes de certaines cellules. En contrebas, les flammes d’hydrogène carbonisèrent les malheureux gardiens. Quelques chanceux eurent les jambes arrachées. La panique était indescriptible.
"Comment tu as fait??" hurla Dakan parmi les cris et les bruits sourds des pans de murs s’effondrant.
"Devine comment j'ai fait pour m'évader de Proxima! Les circuits hydrauliques. De plus, j'ai envoyé un message de détresse. Les troupes de la Fédération devraient rappliquer bientôt, ça va foutre le bordel!!"
Ils dépassèrent une horde de prisonniers hagards et visiblement amochés
"Tu leur as quand même arraché le bras..."
"Oups, dommage collatéral. On ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs, Dakan. Tant que ce n'est pas moi... Je compte me représenter à ce concours d'empereurs les plus beaux, tu sais..."
"Avance, et la ferme!" coupa Dakan avant que Kalagor ne raconte pour la n-ième fois le complot qui avait amené les photographes à prendre son mauvais profil pour faire gagner un Wookie.
"On chope Ulth comment?"
"T'inquiète pas! Il saura comment faire: comme d'habitude. C’est lui qui avait eu l’idée du coup des vaisseaux ça marche à chaque fois.. On a écumé longtemps la galaxie avant de se poser... Viens!" Kalagor agrippa Dakan, le poussant dans un véhicule volant.
"Tu sais conduire ça?"
"Il est toujours temps d'apprendre! En selle! Yaah!"
"Kalagor, il faut appuyer sur le bouton. Ce que tu tiens, ce ne sont pas les rênes, ce sont les CEINTURES DE SECURITE ABRUTI!!"
Dakan prit le volant des mains de l'abruti de service.
"Mets le toaster dans le coffre!"
"Jawohl, mein Fuhrer..." répondit Kalagor, visiblement extrêmement vexé.
Ils progressèrent dans les rues, en écrasant quelques personnes ("Haha! Et ça se prétend conducteur!" persiflait Kalagor) fuyant devant les ombres des vaisseaux de la Fédération, dont personne ne savait qu'ils étaient venus aider...
Ils débarquèrent devant la Tour. Les gardes tentèrent de les arrêter.
"Non, le seigneur Nydus est en réunion avec le Seigneur Ruther...aaarggghh!"
"Bon, on y va??"

Les étages se succédèrent......
"Cette musique d'ascenseur me saoule VRAIMENT! Où sont les musiciens que je les bute..." râla Kalagor, tenant de trouves lesdits musiciens dans le haut-parleur.
Enfin, ils débarquèrent dans le bureau de Nydus.
"Mais, qui est-tu ?". La voix de Nydus résonnait derrière la porte.
"Ta mort, abruti. Tu as fini de trahir tous tes maîtres. Je viens demander des comptes, pour les miens."
"C'est June!"
"Non, c'est.... Severus?"
Ils ouvrirent discrètement la porte. Ils virent en effet le garde du corps de Nydus tenir son maître en joue avec une épée. Les meubles étaient renversés, un combat furieux avait eu lieu. Témoin de la violence des affrontements, le sceptre lame de Nydus brisé en deux.

"Message du Seigneur Nauthul: CREVE!"
L'épée de Severus s'abattit.
Le coup ne porta jamais. Un sabre élégant l'avait paré.
June se tenait là.

"Je pensais trouver Nydus, voilà que je vais pouvoir faire coup double, Hirgoth!" dit-il d’une voix posée, que Dakan ne lui connaissait pas. Le Septième Théarque se tenait devant eux, dans toute sa puissance.

VI°) Les Enfants de Terra.

UT : 1876, 2 :12 :03 12h30. ARRET

La salle était en proie à un intense conflit mental entre les protagonistes. Nydus était désarmé et semblait hors-jeu, mais les meubles attestaient de sa capacité à pouvoir renverser une situation. Le vent soufflait légèrement dans la salle à travers une vitre brisée, soulevant des volutes de nodules de zinc. Ne paraissant pas accorder d’attention aux nouveaux arrivants, Hirgoth et June se toisaient avec une haine insondable.

« J’ai faaaiiimmm…. » chuchota Kalagor
« C’est pas le moment de manger, abruti ! »
Hirgoth prit la parole :
« Ainsi c’est donc toi dont parlait Nauthul. Tu seras content d’apprendre qu’il te considère comme la seule personne capable de faire échouer ses plans. »
« Cela m’étonne même qu’il connaisse mon existence. Pas un seul des Théarques n’était au courant que j’étais là, depuis le début, pour les surveiller. »
Nydus réprima un hoquet d’effroi.
« Oui, pour vous surveiller. Bien que je me soit rendu compte de l’abjection que représentait le but de nos maîtres, j’ai néanmoins continué ma mission. Nauthul et toi avez failli en tentant de vous emparer des pouvoirs des Démons. Nydus s’est servi des siens pour asseoir une autorité illégitime, quant à Dakan… » Il se tourna vers l’intéressé. « Je ne peux pas lui en vouloir d’avoir changé de maître. Moi-même je l’ai fait en décidant de servir les Xénos… »
« QUOI ? Mais ce n’est pas possible… »
« Crois-tu encore qu’Aeternia soit le seul Portail ? Je me suis rendu sur la planète que les Terriens appelèrent par terreur « Oméga », la Fin de Tout. Là-bas, je me suis converti, et j’ai reçu une mission. Désolé de t’avoir manipulé, Dakan, mais je n’avais pas le choix, il me fallait à tout prix…. LACHE CA ! » June frappa Nydus qui tentait d’appeler la garde.
« Enfin, lorsque ma mission sur Aeternia fut accomplie, j’ai détruit Terra. »

Le silence s’abattit sur la salle. Tout le monde ici présent était bien placé pour savoir que cette légende était ridicule, mais personne n’avait songé à ce qu’un seul homme, ici présent, éradique aussi froidement une des plus puissantes civilisations de l’univers.

« Mais ce n’est pas le Mal que tu as détruit. Tu as laissé le chaos s’installer… Maintenant, les planètes s’entredéchirent, se massacrant, se phalangeant et se recyclant mutuellement… » dit Dakan.
« Je n’ai pas la prétention de dire que je comprends les desseins de mes maîtres… Mais, il me semble que j’ai laissé une affaire en suspens… »
« J’attendais que tu y reviennes, HEISENBERG ! » clama Hirgoth
Une déferlante d’énergie orangée libérée par l’incantation fondit sur June, qui esquiva avec l’agilité d’un faucon. Une armure se matérialisa autour de lui. Son armure. Il atterrit à la perpendiculaire du mur où il prit appui pour se lancer vers Hirgoth, en pivotant sur lui-même. Ce dernier, qui s’attendait à recevoir un coup de pied, rechargea son arme.
Une volute d’énergie bleue. Une épée se matérialisa dans la main de June. Il frappa Hirgoth avec toute sa force, l’envoyant valser à dix mètres.
« Pourquoi elle ne l’a pas coupé ?? » demanda Kalagor.
« Elle n’a pas de tranchant. Elle est faite pour les combats en armure où il faut briser les os de l’adversaire à travers son arm…argh ». Hirgoth avait saisi son bolter et vidé son chargeur sur June. Des cratères s’étaient creusés sur la BlackArmor, mais June était intact. L’impact l’avait tout de même atteint : du sang coulait sur sa lèvre. Hémorragie interne. Hirgoth se mit à rire à gorge déployée. Ce fut sa perte.
Alors June leva deux doigts de la main droite. Lentement, l’énergie de la BlackArmor vint ‘y concentrer et June avait l’air de difficilement pouvoir porter son poids de quelques tonnes sans son aide. Hirgoth ne remarqua rien.

« HEISENBERG ! »
Le bouclier se matérialisa à l’intérieur de la bouche d’Hirgoth, qui cessa de rire. Puis, lentement, June le fit grandir, écartelant la mâchoire de son adversaire.
Elle se déboîta, puis fut arrachée dans un flot de sang. Hirgoth s’agenouilla. Puis soupira longuement. Il était mort.

Les protagonistes furent frappés de mutisme. June avait révélée sa face cachée, celle d’un humain impitoyable, prêt à tout pour accomplir sa « mission ».

UT : 1876, 2 :12 :03 12 : 12. ARRET


Clap Clap Clap…
Un petit homme aux cheveux noirs entra dans la pièce. Il dégageait une aura malfaisante palpable.
« Bravo ! Je crois qu’aucun autre terme ne serait mieux adapté ! Ce que ni les millénaires, ni Nydus, ni même le Grand Dakan qui daigne nous honorer de sa présence aujourd’hui n’ont pu faire, tu l’as expédié, il n’y a pas d’autre terme, en 5 minutes. BRAVO ! »
Il s’arrêta net devant l’expression de June.
« Que veux-tu, Nauthul ? »

VI°) Vérité.

UT : 1876, 2 :12 :03 12 : 12. ARRET

La tension et la haine étaient palpables. Kalagor revoyait celui qui avait tué Slaana il y a 550 ans, Dakan, celui qui a tué tous ses amis, Nydus, celui qui l’a menacé et fait emprisonner. Et June. Personne ne savait quelles raisons il avait d’en vouloir à Nauthul, mais sa haine dépassait de loin celle des autres.
« Alors, on ne dit plus bonjour à ses camarades, Key ? »
« Qui est-ce ? » demanda Kalagor à Dakan.
« Aucune idée… Peut-être que c’est le vrai nom de June. On avait tous un nom normal avant de devenir Théarque. Le mien était Daeth."
« Parce qu’il ne vous a pas dit qui il était ? Voyons, Key, que va-t-on faire de toi ? Réfléchissons… Peut-être… Te condamner en cour martiale pour les meurtres de Némésis, Iron, et tant d’autres de tes amis. » insinua Nauthul de sa voix triomphante. Il cherchait le point faible de son adversaire.
« Le temps et les fautes des BlackArmors sont derrière moi. J’ai expié ma faute en tuant leur véritable assassin. Je n’ai plus rien à me reprocher. » répondit l’intéressé d’une voix neutre.
« Ah bon ? Alors pourquoi aurait-tu fui Esperanto comme un lâche ? Dans le matin de ta victoire, si tu avais réellement triomphé d’un dictateur, pourquoi as-tu fui le lieu de ton crime, laissant à Dante le soin de tout réparer. »
« MAIS DE QUOI PARLEZ-VOUS ? » s’énerva Nydus, exaspéré par cette conversation sans queue ni tête.
« Des évènements de Templa, sale rat ! Le grand Key, héros libérateur, bras droit de Dakan, le premier du nom, et non cet avorton qui tient lieu de clone. Key qui a exterminé ses amis en pensant que la mort de son mentor était de leur faute. Key qui, ce faisant, a aidé un des plus grands dictateurs galactiques ayant jamais existé à conquérir la planète ! Puis, se rendant compte de son erreur, a bravement massacré son ancien complice. Car, pour le Sublime Key, nous autres pauvres humains sans carapace, ne sommes rien. »
Dakan vit June ployer sous le poids de ces accusations. Il tenta de le rassurer :
« Allez ! Relève-toi ! On a besoin de toi »
Mais June ne l’écoutait plus. Il semblait accablé par le poids du chagrin et de la culpabilité.
« Nauthul, je ne conteste rien. J’ai eu tort, je l’admets… »
« TORT ? Comment peut-on parler de tort lorsque des milliers de vies ont été sacrifiées à l’autel de ta stupidité et de ta vanité. Porté par ton triomphe, tu t’es cru plus haut que tout. »
« NAUTHUL ! ARRETE TON NUMERO ! Tu es le premier à tuer, piller, violer tout ce qui se trouve sur ton passage. Aeternia a été à feu et à sang à cause de toi pendant … » l’intervention de Dakan fut stoppée par un bruit de fer.
L’épée de June qui tombait par terre.
« La dernière vie que je prendrais sera la mienne. Frappe, enfoiré ! » lança ce dernier entre ses dents. Il avait abandonné toute combativité. Nauthul avait atteint un point faible. Lequel ? Dakan ne devait jamais le savoir.
« A tes ordres, camarade. »
« Soldat ! Droit au cœur ! »

Dakan n’eut pas le temps de crier d’horreur. Nauthul dégaina en un temps éclair.
Un bruit de tonnerre. Dakan ferma les yeux.
Le bruit d’un corps à terre.

June Rutherford, alias Key, n’était plus qu’un tas de chair entourée de métal, sur le sol glacé d’une tour, quelque part dans l’Univers.

PS: Ne prenez pas en compte les liens avec l'histoire des BlackArmors, ils ont été créés, mais j'ai eu la flemme de les retirer. Ca donnait quelque chose de bien, mais on ne peut pas meler une tragedie à un space opera.

VII°) Révélation.

UT : 1876, 2 :12 :03 12:20. ARRET

Personne ne pouvait réaliser ce qui s’était passé. Le silence dura de longues secondes, empreintes de tristesse. Qu’est-ce qui avait pu pousser June à abandonner le combat ainsi ? Bien que blessé, il avait ses chances… Nauthul le rompit enfin :
« Quel guerrier il faisait ! Pff, vaciller parce qu’il a dû sacrifier des civils et ses amis à sa cause ! Il ne méritait même pas son armure. Dakan, t’as un don pour t’associer avec des lopettes, entre celui qui pleure quand sa sœur est broyée dans une machine, et l’autre qui pique une crise quand il perd sa peluche favorite ! »
« C’est pas une peluche, c’est un véritable Dragémon ™. Et puis d’abord, t’es rien qu’un mé… » répondit Kalagor

BAM !

Le sol se désintégra sous le pied de Dakan. Quand Kalagor se retourna vers son ami, il ne put le reconnaître.
Dakan avait les cheveux et les yeux rouges. Il serrait les dents comme si elles allaient exploser. Ses mains crispées témoignaient de son état de rage intérieure.
« Comment… oses…tu ? » tenta-t-il de dire d’une voix contenue.
« Oh ! Mais Dakan est en colère parce que son bouffon favori, le grand Général Rutherford, paix à la serpillière qui lui servait d’âme, est mouru ? » Il commença à rire comme un dément. « Mais regarde la réalité Dakan, arrête de te vautrer dans une vision stupide de la vie. On va tous crever, il nous sert juste d’avant-garde ! »

Il ne vit pas partir le coup.
Les quelques meubles encore en état explosèrent sous l’onde de choc que créa le corps de Nauthul percutant le mur.
« Ahah ! Enfin, le vernis inutile de la civilisation part au lavage ! Le combat devient… »
Il dégaina un long katana noir.
« …intéressant. »
Nauthul fondit sur sa proie, qui para le coup, puis riposta. Nauthul l’évita avec aisance. Le combat était inégal. Dakan, aveuglé par sa rage, ne voyait pas que son adversaire jouait avec lui.
« Reviens, sale lâche ! » cria-t-il à Nauthul qui s’éloignait dans le cœur de la Tour. Il se précipita à sa poursuite.

« MERDE ! Je sais ce que Nauthul veut faire ! » Nydus tenta de les rejoindre, mais Kalagor l’arrêta avec son épée.
« Oh oh ! On arrête tout de suite le cirque. On sait tous que tu sais bien fuir, alors tu vas rester là. »
« Tu comprends pas ? Cette Tour est construire sur le modèle de la Cité Millénaire, la vraie Sirphis. Elles communiquent à travers les dimensions. Nous autres Terriens avons dû la construire afin d’atteindre Aeternia et de créer un portail. Nauthul veut la réactiver pour aller sur Aeternia. »
« Et qu’est-ce que Dakan vient faire là-dedans ? »
« C’est lui le Sceau. Nauthul le provoque pour qu’il se serve de la magie dans le cœur de la Tour. Il va la réactiver, il faut vite le prévenir ! »

Ils entendirent un écho venant des entrailles mêmes de la Tour. « Cette fois, pas de fuite dans le temps, tu vas crever Nauthul ! FINAL CRASH ! »

Le flux de magie souleva la Terre. Kalagor et Nydus furent projetés sur le côté par la force de l’explosion.



UT : 1876, 2 :12 :03 13 : 10. ARRET

Le Portail venait de s’ouvrir.

Nauthul les dépassa.
« Soyez contents que j’aie d’autres choses à faire que de vous tuer ! Mais ne vous inquiétez pas, mes hommes s’en chargeront. Heureusement qu’un abruti a appelé la Fédération à la rescousse, je n’aurais jamais pu être là à temps… »
« Oups ! » pensa Kalagor, « J’aurais peut-être dû m’abstenir moi ! »
Il resta ainsi un long moment.
Dakan ! Il l’avait oublié. Rejetant Nydus en bien plus sale état que lui (il s’en était servi comme coussin).
Kalagor descendit dans le cœur de la Tour, et y trouva un Dakan à l’humeur étrange.
« Allez, on se barre ! Notre mission est finie… » commença Kalagor.
« Oh non ! June se serait sacrifié en vain. »
« QUOI ? »
« June savait ce qui se passerait. Mais grâce à lui, je vais pouvoir tuer Nauthul. »
« Là je comprends rien. »
« Ne te vexes pas, mais ça ne m’étonne guère. »

Ils ressortirent du bâtiment. En reprenant le toaster de Dakan dans le coffre de la voiture (« C’est ce que June aurait voulu, non ? Il adorait ce toaster. » arguait Dakan), il entendirent leurs noms.

« HEHO ! J’ai hâte de revoir Seal, moi ! »

Ulthuan les attendait dans un chasseur.

VIII°) Le Portail

En entrant dans le chasseur, ils virent qu’Ulthuan n’était pas seul. Un humain à l’air grave les attendait aux commandes.
« C’est Kail, mon second. Il a été capturé en même temps que moi. » les informa Ulthuan.
« Bon, j’ai contacté mes flottes » continua-t-il « elles arrivent dans peu de temps. On va vous donner le temps de vous enfuir. Qu’est-ce qui s’est passé ? On dirait que la magie s’est réveillée» demanda Ulthuan.
« Pas exactement. Je l’ai utilisée pendant un peu de temps, mais elle a été absorbée par la Tour, qui communique directement avec celle de l’autre Sirphis, sur Aeternia. Le Portail s’est ouvert. » répondit brièvement Dakan.
« Et Nydus ? »
« Tu veux parler du coussin ? Oh, il dort sagement en haut… » ajouta un Kalagor souriant.
« Et ça te fait rire… Et on s’étonne que les Chevaliers Dragons soient considérés comme des barbares… » dit Dakan. « Pourquoi tu es pensif comme ça ? »
Ulthuan lui répondit, la tête d ans les nuages : « Des calculs… YES !! Partez sans moi, j’ai un truc à faire ! »
Il décampa du chasseur, courant vers la Tour.
« Tu comprends quelque chose ? » demanda Kalagor à Dakan.
« Qui peut comprendre Ulthuan ? Je pense qu’il faut qu’on y aille. » répondit le dénommé Kail. « Bon, on va devoir se frayer un passage parmi les vaisseaux de bataille, mais c’est faisable. Je suis un pilote hors pair. »
« Il se la pète le p’ti gars » susurra Kalagor à Dakan.
« J’ai entendu. Toi, c’est Kalagor c’est ça ? Ulthuan m’a parlé de toi. Il me semble que tu n’es pas très bien placé pour ce genre de remarques. » répondit du tac au tac Kail d’une voix coupante.
Ils décollèrent. En bas, la panique était indescriptible. Un conteneur s’effondra sur de malheureux fuyards pris dans un embouteillage. Un troupeau de vaches en aluminium avait chargé les guérites de ses gardiens, croyant libérer leurs sœurs métalliques.
Au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient dans l’atmosphère, ils virent que la Fédération bombardait réellement la planète. Les défenses explosaient un peu partout.
« Etoile de la Mort droit devant. » dit Kail d’une voix neutre.
Elle explosa sous les tirs croisés de lanceurs de plasmas, visiblement tombés aux mains de l’ennemi.
« Pour DC 92, connards ! Je serais presque pour Nauthul. Mais il y a un truc qui me chiffonne. Il doit avoir des troupes à terre pour une telle attaque. A ma connaissance, il n’en a pas… »
« Nos services secrets se sont renseignés. Je prierais cependant le Sieur Boule de Nerfs de quitter la salle, seul Dakan a le niveau Coquillage requis pour cette information.

Le vaisseau piqua du nez.

« NON KALAGOR ! On ne frappe pas le pilote, abruti de première ! »
« Non mais il se prend pour qui ? Et puis Ulthuan ? Il faisait moins le malin à Dragonnia ! Je vais lui apprendre le sens du mot « confidentialité », grr ! »
Le nez de Kail saignait.
« Bon, puisque le Cro-Magnon semble ne pas comprendre comment on parle en langage civilisé, il peut rester, il ne comprendra rien tout de façon. »

Le vaisseau piqua encore du nez.

« BON D’ACCORD ! Les Chevaliers Dragons sont merveilleux, civilisés et délicats, mais lâche-moi ! » cria Kail, empoigné par une masse furieuse nommée Kalagor.
« Bon, comme je disait avant que Cro… »
Kalagor fit signe de piquer du nez
« …avant que votre merveilleux compagnon ne m’interrompe, Nauthul est le fondateur de Terra. On peut donc penser qu’elle n’a pas disparu. »
« June l’a détruite à l’Etoile de la Mort » rectifia Dakan.
« June a cru la détruire à l’Etoile de la Mort. En fait, les relevés informatiques nous le confirme, à ce moment précis, Nauthul a lancé une manipulation informatique afin d’effacer des données de tous les ordinateurs les coordonnées réelles de la planète. June a cru la détruire, mais en fait, lorsqu’on croit rentrer à Terra, on atterit dans un champ de ruines. »
« Malin… Il n’y a bien que Nauthul qui puisse faire un coup pareil. »
« C’est sûrement pas votre pote qui aurait pu… »

Il ne se passa rien. Fort de ses expériences précédentes, Kalagor avait maintenu le cap.

« Et les troupes au sol, ce sont donc… des T.I ?? » suggéra Dakan, l’air de ne pas y croire.
« Des milliards en effet. Pour disposer d’une énorme armée, Nauthul a eu recours à des mesures… douteuses sur Terra. »

Ils arrivèrent dans l’atmosphère d’Arret. Un gigantesque trou noir était là.
« Le Portail ! On y … » commença Dakan
« ATTENTION ! ». Kail empoigna les commandes et vira à gauche.

Le vaisseau devant eux avait explosé et sa carcasse fumante fonçait vers leur ancienne position. Comme un aigle sur sa proie, un vaisseau aux lignes élégantes le dépassa. Un Croiseur d’Ulthuan.
Très vite, la bataille commença. Les tirs fusaient, emportant avec eux des vies. Un destructeur explosa à côté d’eux.
« Vite ! » Dakan désigna du doigt un vaisseau titanesque, frappé des initiales T.I : le vaisseau-amiral. Il se dirigeait vers le Portail.
Une course contre la montre s’enclencha. Le chasseur accéléra, traversant le champ de bataille. Un croiseur en flammes se trouva sur leur chemin. Une explosion. Ils étaient passés au travers.


« Grand Théarque. Nous sommes prêts pour le passage. »
« Bien. Avez-vous repérés nos proies ? »
« Il sont là, Sire. » Le conseiller montra du doigt un chasseur endommagé se dirigeant à corps perdu dans leur direction.
« Bien. Préparez les pompes Shrak. »
« A vos ordres. »

Nauthul leva la main. Au fur et à mesure que les pompes puisaient dans le Portail, des volutes de magie tournoyèrent autour de sa main.

« BANNISSEMENT ! »

Le chasseur disparut.


Nauthul avait fait peser le chasseur avec Kail à l’intérieur. Il avait retiré le poids d’Ulthuan. Il avait disposé une balance à la sortie de la Tour pour peser Dakan et Kalagor. Il avait tout prévu. Il avait calculé tous les coefficients de dispersion, la consommation de carburant. Mais il avait oublié un objet insignifiant. Un objet qui n’aurait jamais dû se trouver là.

Il avait oublié le grille-pain.

DEUXIEME PARTIE : UT 1906.

I°) Le croiseur

L’orbite de la planète Eldar était calme ce jour là. La lune se contentait de tourner autour d’elle, c’était une belle journée. Un croiseur passa à proximité. Tout se passa très vite.

« Capitaine, distorsions spatio-temporelles repérées. »
« Hein ? Mais ce n’est pas possi… »
Il s’interrompit. Venu de nulle part, un vaisseau fumant et crachotant surgit. La collision était inévitable.

« Mais qu’est-ce qui se p… REDRESSE LE CAP, VIIIITTE ! » commença le copilote.
« Trop..tard, on va se crasher. Bouclier optimum, ça roule. » répondit le pilote.
Un grand homme musclé prit la parole :
« J’aimerais qu’on m’explique ce qui se passe ! Selon toi, on aurait dû être bannis dans l’Adversium… »
« Cro-Magnon, LA FERME ! »

Le vaisseau se crasha sur la coque du croiseur. Des étincelles jaillirent. Quelque chose explosa : le réacteur du chasseur.

Les trois passagers se ruèrent dans la soute. Le spectacle était désolant : des câbles pendaient un peu partout, les biscuits étaient en miettes, et on distinguait une masse rougeâtre dans une cage à animal écrasée.

« Ils arrivent… » constata Kail.
« On se planque. Ils penseront qu’on a été carbonisés dans le vaisseau. »

Deux hommes arrivèrent, un gras et un grand mince qui, au vu de la qualité de sa peau, devait avoir une vingtaine d’années maximum, tous de noir vêtus, et armés.
« On dirait qu’ils sont morts. »
« Ouais, j’ai pas envie de moisir ici tout de façon. »
Ils retournèrent, mais une grande masse métallique leur barrait la route.
« Désolé pour vous, mais ceci est classé confidentiel. »
En un éclair, ils furent éventrés.
« Cherchez une carcasse de grille-pain à l’intérieur ! »
Des hommes semblables s’affairèrent dans le vaisseau.


Après un long moment, le chef de section revint.
« Désolé, chef, mais il n’y a rien. »
« Bien, fouillez les bagages. »
« Rien de ce côté-là non plus ! »
Silence.
Le capitaine reprit de la voix la plus douce possible.
« Vous avez bien sûr pensé à fermer les sorties. »
« Oui, mon capitaine. »
« Et le bac à linge ? »
« Quel bac à… »
Il ne put jamais finir.
« Quelle tragédie pour un être comme moi d’être entouré d’incapables pareils, ô rage, ô désespoir… » se lamenta le capitaine Thanatos, chef de corps de la Troisième Section Terra Imperator, Première Légion, Troisième cohorte, Deuxième manipule, tout en essuyant son épée.
Il se retourna vers le second de section. « Bon, allez-y ! »
Sans se faire prier et visiblement heureux d’être en vie, il fit signe à sa section de se rendre dans le bac à linge.

« Bon, on est où là ? » demanda Kalagor
« Dans un croiseur inconnu de nos services de Terra. Les hommes que nous avons vus sont des Terra Imperator. »
« T’es vraiment un disque dur sur pattes toi ! »
« Ils étaient au courant pour le toaster. Mais qu’est devenu la bataille ? »
Ils progressèrent dans un couloir sombre menant aux cuisines.
« Grouillons-nous ou ils nous rattraperons ! » prévint Dakan
« T’inquiète pas ! Ils risquent pas de venir. »

La section T.I glissa longtemps dans le tuyau. En dernier, le chef-depuis-deux-minutes Buba.
« On arrive les gars ! »
« aaarrghhh !! »
« Mais, qu’est-ce que c’est. »
Il fut transpercé à l’arrivée par le sabre que Kalagor avait « négligemment » posé là. Il n’avait pas duré trois minutes.


« Kalagor, arrête de te baffrer ! »
« Bon, d’accord. On est visiblement dans un croiseur de croisière, sans vouloir faire de jeux de mots pourris. » ironisa Kail.
« T’aurais pu te dispenser de l’adjectif, tes jeux de mots sont TOUJOURS pourris. »
« La ferme, la tapette en jupe. »
« C’est pas une jupe, c’est l’habit traditionnel de ma planète d’origine. »
« Et c’est quoi ce repaire de tarlouzes ? »
« Omega. »
« HEIN ? »
« Bon, les gars, on arrête de se chipouiller, et on chope un vaisseau pour se casser. Vous avez une idée de où on est ? » dit Dakan, las de toutes ces disputes. Il n’avait rien écouté de la discussion.
« Une chose est sûre, on n’est plus au-dessus d’Arret, c’était beaucoup plus moche vu de haut. »
Ils arrivèrent devant une porte.
« Attention, elle est sûrement piégée ! Quel est ce langage ? » Kalagor désignait anxieusement l’écriteau comme s’il allait l’attaquer.
« Ce veut dire « toilettes » en terrien, crétin ! » répondit Kail
« Bon, on prend la porte à gauche. »

Ils étaient dans un casino volant.

II°) Las Pepetas.

Les roulettes tournoyaient dans un tourbillon de couleurs et d’argent perdu. Les croupiers aux mains habituées comptaient les billets de banque d’une fortune rapidement évaporée.
« Depuis quand les Seigneurs de Guerre se paient-ils des casinos volants ? » demanda Kalagor
Kail lui répondit, songeur : « Ce croiseur, c’est l’Atar, un des plus beaux vaisseaux volants en activité… D’ailleurs, j’ai cru voir les plasmas lors de notre crash. On dirait qu’il a été modifié pour d’autres activités. J’avoue ne pas comprendre. »
« Pas le temps. On se mêle à la population. » coupa Dakan
« Je reviens les gars ! » leur lança Kalagor. Il s’éloigna rapidement dans la foule.
« T’as une idée de ce qu’il veut faire ? »
« Aucune. » reconnut Dakan.
Ils firent semblant de s’intéresser à une course d’anguilles (HRP : Pour ceux qui connaissent le Cycle de Tschaï, un des meilleurs que j’aie lus !) de différentes couleurs.
« Approchez mesdames et messieurs ! Je vais vous montrer ce que vous n’avez jamais encore osé contempler ! Venez participer au Jeu du Chaos ! Personne ne connaît la réponse, mais ce n’est pas pour autant un jeu de hasard ordinaire ! »
La voix leur semblait familière. Un attroupement s’était formé autour du fauteur de troubles. Des « oh ! » et de « ha ! » en sortaient régulièrement. Les tintements métalliques indiquaient que ledit agitateur commençait à gagner pas mal d’argent.
Ils franchirent enfin la limite des spectateurs.
Le fauteur en question était Kalagor, déguisé en croupier. Des volutes rouges se dégageaient de sa main, créant des formes aléatoires. Des petits monstres d’énergie se battaient dans une arène.
« Hé oui mesdames et messieurs ! Vous les contrôlez par la pensée, et ils se battent pour vous ! Mais attention, cessez de vous concentrer et il se transforme. En dragon ou en poulet, c’est à vous de voir ! VOUS LA-BAS ! »
Il désignait Kail.
« Le spectacle est payant ! 30 monnaies immédiatement ! »
« Mais, Kal… »
« Pas de mais monsieur ! Payez ou partez ! »
Kail donna tout son argent de mauvaise grâce. C’était une monnaie ayant une très forte valeur. Kalagor était d’autant plus heureux de s’être vengé en piquant les économies de Kail qu’il avait déjà amassé un très gros pécule.
« Je suis navré, mais c’est fini pour aujourd’hui » dit-il après que le dipneuste d’un gros spectateur se soit fait étriper par un ornithorynque fou.
Il sauta de son piédestal, faisant voler une cape rouge splendide, qui vint tournoyer autour de lui et se changer en une armure légère d’une beauté époustouflante dans une gerbe d’énergie. La foule applaudissait à tout rompre.
« VOUS LA-BAS ! »
Des gardes noirs en armure venaient de faire leur entrée.
Ils bondirent, aidés de réacteurs dorsaux, vers le groupe de Dakan. C’était la mort qui les attendait.
« On se casse ! » hurla Kalagor pour tenter de dominer le bruit de la foule apeurée. Les T.I gisaient à terre, cuits à points par une langue de flammes.
« Mais où ? » demanda Dakan
Kail répondit dans un souffle « Le poste de commande ! »
Ils s’enfuirent, laissant les joueurs bloquer le passage des T.I. Au hasard des couloirs, ils arrivèrent jusqu’à une grande porte, qu’ils ouvrirent.
Le capitaine Thanatos se tenait là.
« On vous arrête ! » dit un Kalagor un peu trop emporté par l’enthousiasme.
« Dommage, j’avais des projets importants… mais je suppose qu’on ne peut pas faire autrement ! » répondit Thanatos avec morgue et ironie.
« Tu vas nous dire où sont les commandes, sinon, tu n’auras plus le temps de faire d’humour de ta vie ! » le menaça Kail
« Mon Dieu, que j’ai peur ! Trois nazes qui n’ont toujours pas réussi à atteindre une planète sans s’écraser dessus me menacent ! Et un grille-pain en prime ! Je suis terrorisé ! Remarque, c’est le plus dan… » l’uppercut de Kalagor l’arrêta dans sa tirade.
« Bon, OK, troisième à gauche en partant du sas ! » indiqua un Thanatos quelque peu groggy.

Ils se rendirent à la salle de commande. Nous jetterons un voile pudique sur le massacre des pilotes par un Kail relativement agacé.
« Je prends les commandes. »
« OK, nous on va défendre la porte. Que comptes-tu faire avec ce croiseur ? »
« Le crasher. » dit Kail dans un élan de jubilation. « Si on le pose normalement, dix fois plus de T.I nous attendrons à l’Astroport. T’inquiète pas, on va essayer de pas faire de morts. »

Kalagor et Dakan se rendirent à la porte.
« Manœuvres enclenchées. Rupture de l’orbite. » les informa Kail.

Kalagor et Dakan se crispèrent en attendant la bataille. Les bruits de pas s’accentuèrent dans le couloir.
La porte s’ouvrit en grand. Des dizaines de T.I se tenaient là.
Kalagor fit feu, au sens propre du terme. Plusieurs T.I s’embrasèrent, mais les autres actionnèrent un bouclier semblable à celui de June.
« Nauthul a tout prévu, c’est indéniable ! Dakan, à toi ! »
Les cheveux de Dakan se dressèrent sous l’effet de la magie.

« Entrée dans l’atmosphère. »

Les boucliers se dispersèrent sous l’effet du sort. Quelques T.I grillèrent, mais l’un d’eux s’avança. Il était visiblement gradé. Il leva le bras.
« Heisenberg Unleashed »
Un bouclier apparut, protégeant tous les soldats.

« Crash dans 2 minutes. »

Dakan retenta de le percer. Impossible.
« YAAAH ! » Kalagor avait dégainé son arme, et se lança à l’assaut. Il fut pris à la gorge et mis à terre en deux secondes.
« Je t’ai eu, pauvre nul » dit-il. Il tira, à l’intérieur du bouclier. Beaucoup grillèrent.

« Crash dans 10… »


« Changement de tactique ! Rupture des câbles Shrak ! » aboya le gradé.


« 8… »
Le gradé tira avec un bolter

« 6… »

Dakan tenta de se protéger. En vain. Les câbles Shrak qui pompaient la magie dans le portail avaient été rompus

« 4… »

Kalagor bondit pour protéger Dakan. Une fleur de sang surgit au niveau de son épaule.

« 3… »

Mais il tint bon. Les T.I progressaient inexorablement.

« 2… »

L’épée de Kalagor vola en l’air après une botte du lieutenant. Dakan, lui, était assommé par terre.

« 1… »

« Tuez le pilote ! Vite ! »

« 0 ! »

« AAARRRRGGGGHHHHHH !!!!!! »

III°) Imprévus.

Kail se réveilla, une substance pâteuse dans la bouche. Son sang. Vu la texture, deux heures trente et 34 secondes avaient passés depuis le crash.
« Ca commence à bien faire ! » pensa-t-il. « Alors, où sont Cro-Magnon et le toastologue ? ». Il se mit en quête de ses compagnons de fortune, parmi les BlackArmors explosés sur le sol. « Ils ont eu de la chance d’être K.O lors du choc, ils se seraient explosé contre la verrière comme les autres… »
Un mouvement attira son attention. Un homme essayait de ramper.
« Hé oh, on s’arrête immédiatement ! Toi, tu vas venir avec nous ! » Thanatos se leva de mauvaise grâce. Il n’était pas en trop mauvais état. Contrairement à ses congénères, il était attaché lors du choc.
« Bien. Où on est ? »
« Sur Eldar, planète du Deuxième Système de la division Beta centaure. Elle fut le logis d’Heisenberg, unanimement consacré comme Grand Bienfait… ». Il fut coupé par Kail.
« … C’est la position d’Arret ça ! Je me souviens encore des coordonnées que j’ai rentrées. »
« On se sent comme si on avait trente ans de retard, hein ? ». Thanatos souriait, sentant qu’il pouvait tirer avantage de la situation.
« Arrête de me charrier. Où est le Portail ? »
« Au-dessus de cette planète. La Lune que vous avez vue est formée de débris d’une bataille d’il y a trente ans pour la prise de contrôle de cette planète. »
« Et comment vous étiez au courant pour le grille-pain ? »
« Le Seigneur Nauthul, que son nom soit sept fois loué, nous avait prévenu que des individus à bord d’un chasseur risquaient d’apparaître dans le secteur dans les prochaines années. Leur signe distinctif était la présence d’un grille-pain. »
Des signes d’activité commencèrent à poindre à l’horizon.
« Attends une seconde… Nous sommes en quelle année ? »
« Universal Time 1906, tu as enfin compris ? Le sort que le Seigneur Nauthul vous a lancé a souffert d’une erreur de calcul liée à la présence d’un objet inconnu… »
« Le grille-pain de Dakan. »
« Oui. Vous avez donc été téléportés dans le temps, de 30 ans. Vous êtes sur l’ancienne Arret. »
« Il reste toujours un problème dans tout ça. » Kail ne terminait pas sa phrase qu’il abattit une poutre sur la tête de Thanatos, qui tomba face contre terre.
« Pourquoi tu me révèles tout, alors que nous laisser patauger t’aurais mieux servi ? » continua-t-il comme si de rien n’était. « Bon, ils sont où… »
Il isola Thanatos dans un bosquet non loin, puis se mit à rechercher ses amis, enfin presque, parmi les corps plus ou moins calcinés des clients. Il en profita pour se rembourser largement. Après tout, ils n’en auront plus besoin.
Le nuage de sable se rapprocha. Deux speeder précédaient la venue d’une colonne de tanks.
« Et merde, plus le temps ! » Kail courut se cacher dans le bosquet avec Thanatos.
Il vit au travers des feuilles les deux pilotes.
« Putain, c’te carnage, j’te dis même pas mec ! »
« Ouais, d’un côté, bien fait pour les sales richards. Ca fait plaisir de les voir comme ça ! »
Les deux éclaireurs commencèrent à fouiller les décombres. Les tanks les rejoignirent peu après.
Un colonel s’avança à grands pas.
« Des survivants ? »
« Non mon colonel, ces terroristes de la Fédération ont bien fait leur coup ! »
« Qu’Heisenberg soit avec nous ! »

« Tiens donc, la Fédération n’est pas avec Nauthul… mais avec qui ? Et qui est Heisenberg ? » pensa Kail dans son coin.

« Attendez ! On en tient deux. Ils ne font pas partie des passagers ! »
Ils ressortirent de l’épave un Kalagor et un Dakan très abîmés mais en vie.
« Ce sont sûrement ces ordures. Attendez… des traces de luttes. Il manque un BlackArmor, le capitaine… Fouillez-moi ce bosquet. »

Deux minutes plus tard.
« Désolé colonel, il n’y a personne dedans. »
« Retrouvez-le moi ! »
« Jawohl, mein Oberstomführer ! » crièrent-ils à l’unisson.

« On l’a échappé belle » souffla Kail. « Ca pue ici ! »
« C’est normal abruti ! Ce sont les réservoirs de carburant… Tu te rends sans doute compte qu’un cri de ma part et tu es mort ? »
« Je me rends compte qu’une étincelle de ma part et ON est morts, donc je crois que tu vas te la fermer. » menaça Kail.
Le convoi se mit en route, pendant des heures et des heures.

« Terminus, Sirphis ! » hurla un manœuvrier.
« Ainsi donc ils n’ont pas changé le nom de la capitale, je me demande d’ailleurs comment ils ont pu faire pousser quelque chose sur ce coin pourri ! »
« Les câbles Shrak. »

« Remplissez-moi ce réservoir ! »
La trappe s’ouvrit. Kail se rua dans l’ouverture et tua net l’apprenti qui, si sa vie avait continué, serait devenu champion intergalactique de tarot et de claquettes, mais ce n’est pas le problème : sa tête fit « Splach ! » et c’est tout.
Ils étaient dans une station d’entretien. Les contremaîtres hurlaient des ordres sans se rendre comte de la perte d’un de leurs ouvriers.
« Ca traîne là ! »
« Je vérifie les systèmes d’armements » dit Kail d’un ton très professionnel.
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ! C’est horrible ! » s’exclama le contremaître en voyant le cadavre à la tête explosée avant de lui-même être réduit en morceaux.
« Systèmes d’armements opérationnels chef ! » ironisa Kail. Il retourna la tourelle contre les installations et entama un tir serré. Tous partaient en hurlant.
« Hahaha ! Je suis le plus fort ! » cria Kail avant de comprendre que les mécanos s’étaient juste réfugiés dans une tourelle à ions.
« Oh oh… Bon, tant pis. »
Il tira dans les réserves de carburant, puis enclencha la boîte de vitesse.

Loin derrière lui, la station était la proie des flammes, qui se répandaient en série. Il croisa sur la route des véhicules de pompiers. Enfin, Kail atteint les portes de Sirphis.
« Depuis quand Sirphis est fortifiée ? »
« Depuis la prise de pouvoir de Terra, afin de la protéger des terroristes. C’est l’œuvre d’Heisenberg. »
« Viens avec moi. Tu sers de laisser-passer. »

Le garde à l’entrée n’en croyait pas ses yeux. « Capitaine Thanatos ! On vous croit mort dans la ville ! C’est inespéré ! »
« Pourquoi ? »
« Vous ne savez pas ? Les fédératistes lancent des offensives partout dans le secteur. On dit que c’est eux le coup du croiseur. Mais moi, vous savez, je ne les ait jamais… »
« Merci à vous pour votre fidélité. Bien, je me rends de ce pas au Palais. »
« Bien, content de vous revoir. »

Ils entrèrent dans la ville. Partout, des affiches à la gloire d’Heisenberg.
« Mais c’est qui à la fin ? »
Il ne tarda pas à avoir la réponse. Ils débouchèrent sur une grande place où s’élevait un buste colossal.
« A la gloire d’Heisenberg, grand compagnon de route de Nauthul, sauveur de Templa. Abattu lâchement par Dakan en 1876. »
C’était June.

IV°) Destins parallèles

Kail ne comprenait rien. Ils avaient écouté, Ulthuan et lui, le combat de la Tour grâce à des micros placés sur Kalagor à son insu, et c’était Nauthul qui avait tué June.
« Gloire à Heisenberg ! » Thanatos saluait la statue.
« Il s’appelait June Rutherford. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? » répondit Kail, absorbé dans ses pensées.
« Qu’est-ce que ça veut dire quoi ? C’est Heisenberg, le Glorieux. Il a aidé Nauthul à sauver Terra de Dakan, mais l’autre l’a assassiné. C’est aussi Key, de Templa. »
« Je crois qu’on t’a endoctriné mon pote ! Ce gars était le plus grand ami de Dakan et a été abattu par Nauthul. ». A peine eut-il prononcé ces paroles que Kail fut mis à terre par un Thanatos visiblement outré.
« Comment oses-tu ? COMMENT OSES-TU ? TU INSULTES LE PLUS GRAND T.I JAMAIS VU ! »
« Hum, je ne sais pas si c’est un compliment. Maintenant, tu te calmes. ». Kail massait sa mâchoire douloureuse tout en tenant négligemment en joue le T.I.
« Je crois qu’on t’a raconté des mensonges depuis longtemps… D’abord, il faut que tu connaisses Aeternia… »
« Aeternia, la planète que le Seigneur Nauthul délivre en ce moment même des griffes des terroristes ? »
Kail soupira. Visiblement, June avait une très bonne réputation que Nauthul avait récupérée à sa mort afin de se légitimer.
« C’est de là dont viennent Dakan, Nauthul, Hir… Severus, Heisenberg et Nydus. »
« Nydus ? L’ancien dirigeant de cette planète ? »
« Il est devenu quoi ? »
« Exécuté pour haute trahison. Il n’avait qu’à ne pas essayer d’assassiner Nauthul ! »
Kail ressentit alors une profonde pitié pour cet esprit maintenu dans l’ignorance depuis si longtemps.
« Il faudra que je te présente un ami… Prends ça ! »
Il lui tendit un écouteur du magnétophone qui avait, trente ans plus tôt, enregistré les derniers instants de June Rutherford.

La pluie battait sur les pavés détrempés de la cité. Les nuages gris n’annonçaient rien de mieux pour les heures à venir.
« T’as une idée de où on est ? » demanda un homme en armure avec une cape rouge et blanche.
« Sur Eldar probablement… Dans une prison certainement… Dirigée par les T.I, sûrement. » répondit le deuxième prisonnier de la pièce. Il était grand, aux cheveux bruns, et à l’air grave et passablement amoché.
« Merci pour ces remarquables précisions. Je pensais qu’on était encore en croisière, Dakan ! » ironia le premier
« Ils arrivent… » chuchota le dénommé Dakan.
La porte s’ouvrit. Un garde jeta un grille pain à l’intérieur de la pièce.
« Ils ont visiblement fini de l’interroger ! »
« Je parie qu’il n’a pas parlé, même sous la torture ! » Kalagor se mit à rire.
Dakan prit un air effaré : « Il l’ont torturé ? »
« Oui, ils ont dû lui mettre des tranches de pain mouillées, le battre, beurrer les toast, les lui faire brûler… » Kalagor aurait bien ri à nouveau s’il n’avait pas vu les yeux écarquillés de Dakan. « Je plaisante ! » ajouta-t-il précipitamment.
La cellule faisait environ 4 mètres de coté. A terre, un squelette en plastique destiné à les faire craquer moralement.
« On est où ? » répéta Kalagor
« Je crois que la question appropriée est « on est quand ? ». »
« Hein ? »
« Le croiseur transformé en vaisseau de croisière, la bataille qui disparaît, les T.I qui ont pris le pouvoir un peu partout. Je pense qu’on a été téléportés dans le temps. »
« On n’aurait pas dû être bannis ? »
« On aurait dû, mais quelque chose ou quelqu’un n’aurait pas dû se trouver à bord pendant le sort, ce qui a tout faussé. »
« J’étais sûr que Kail était un boulet, depuis le début. »
« Non, il l’avait prévu. C’est un objet qu’on n’avait pas en sortant de la Tour, mais qui n’était pas dans le chasseur. »
Il y eut un temps de silence.
Leurs yeux effarés se tournèrent vers le grille-pain. Ils se regardèrent, apeurés.

Thanatos bredouilla « Ce … n’est… pas possible ! »
« Si. Rends-toi à l’évidence. Rejoins-nous ! »
« NON ! » Thanatos frappa Kail et s’enfuit en zigzaguant dans les ruelles humides de la cité.
« Enfin bon, j’aurais essayé… tant pis. Bon, où je vais moi ? Ah oui, sauver les deux abrutis. Par là ! »
Kail se dirigea avec confiance vers la Place de l’opéra. Là, quatre directions se présentaient.
« Je suis sûr que c’est là ! » Il prit une avenue.
Dix minutes plus tard.
« Suis-je bête, c’est par là ! »
Vingt minutes passèrent. Une carcasse puant le pétrole et le poisson pourri revint.
« ‘tin, j’aurais dû savoir que c’était le port. Heureusement que ce marin était là, j’aurais pu me noyer. Bon, c’est SUR que c’est pas celle là. Donc c’est l’autre. »
Une heure passa. Le soleil était revenu, entre-temps. Une dizaine de mouches étaient portes de vieillesse sur la place quand Kail revint.
« Bien sûr ! C’est là. » [C’était une dédicace à Hawk…]

Après une longue marche, il arriva à la prison. Elle n’avait pas changé, sauf que les brèches causées par Kalagor avaient évidemment été comblées et que des bâtiments avaient été agrandis. Soit il n’y avait pas beaucoup d’arrestation, soit les prisonniers ne croupissaient pas bien longtemps. Le bruit d’un corps qui chute et d’une corde qui se tend résonna à l’intérieur de la prison.
« Bon, j’ai le temps, ils vont d’abord les torturer. »


« SORTEZ ! » Un gardien à l’air pas commode venait de rentrer dans la cellule.
« Ohlà mon pote, tu te calmes, tu ne déranges pas Dakan ! »
« Mais qu’est-ce qu’il fout ? »
«Attention ! »
Boum !
« Ca marche à chaque fois c’est déprimant ! » lâcha Kalagor tout en prenant les clés du gardien.
« Bon, on fait quoi ? »
« Achslz Bifteh Zaa’tul »
« MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS ? »
« Le mode d’emploi prévient que dans 5% des cas, les objets magiques sont maudis ! Si c’ets le cas, j’ai une théorie ré-vo-lu-tion-nai-re sur l’origine des toasts !! »
« Bon, moi je me… »
Kalagor se retourna et se mit en route. Au bout d’à peu près 30 cm, il se heurta à une masse métallique.
« …barre. »
Les gardes se saisirent d’eux, et les emmenèrent dans une grande cour. Dans un coin, on se débarrassait d’un corps en le jetant aux cochons.
Un grand homme très âgé assis dans une chaise lisait des feuilles à haute voix :
« Les accusés sont reconnus coupables de fraude sur le trafic de la bière et sont donc condamnés à mort…oups, je me suis trompé de feuille, attendez, voyons, fraude…mort, adultère…mort, meutre…torture et mort… AH VOILA ! Les accusés sont reconnus coupables de terrorisme aggravé, et seront donc pendus. »
La corde s’agitait dans la plainte lugubre du vent.

V°) Au fond de l’Inconnu…

UT : 1906, 27 :07 :82 11 : 57. Eldar


Les nuages s’étaient maintenant complètement dissipés au-dessus de la cité de Sirphis. La cité grise aux hautes murailles s’était complètement réveillée. La foule affluait dans ses longues avenues grises, au gré d’une inlassable marée. Les T.I régulaient ce flot par des ordres brefs ponctués, quelques fois, de coups de feu.
Le vent jouait une interminable mélodie entre les deux piliers de la Tour Millénaire, venue du fin fond des âges, qui avait résisté tant aux hommes qu’au temps. Non loin de là, un drame se nouait, dans un bâtiment lugubre, la prison de Saraïs.

La voix de Kalagor retentit après un très long silence.
« Qu’est-ce qu’on fait ? »
« On meurt, avec panache ! »
Kalagor s’avança alors devant tous, et prit la parole :
« Ne sachant m’avouer vaincu
Ou succomber sous la déférence
Si je me plie en révérence
C’est pour mieux vous montrer mon … » [Merci « De cape et de crocs » !]
Le dernier mot fut couvert par un grognement des T.I
« A toi, Dakan ! »
« Ô Mort, vieux capi… »

BAAAAMMMMMM !!

Une odeur âcre leur vint au nez. Lorsqu’ils se retournèrent, ils virent que le mur de la prison avait explosé, soufflé par une prodigieuse explosion. Kalagor ne rata pas le coche :
« Là !! Une ombre ! » Cria-t-il.
Les T.I se relevèrent pour voir le suspect. Ils ne virent rien. Quand ils se tournèrent vers Kalagor, il n’était plus là.

Deux silhouettes s’enfuyaient à toutes jambes dans l’allée jouxtant la prison.
« POWWAAA ! On les a eu ! Faut vraiment que je remercie Kail ! Je sais pas où il a trouvé les explosifs, mais c’était fort. »
« Sans doute… » Dakan avait l’air troublé : il fallait connaître les lieux pour savoir où poser la bombe… Kail avait été dans cette prison 30 ans auparavant, mais les bâtiments avaient changé.
« Tiens, vous revoilà ! Joli coup, pour l’explosion ! ». Kail leur faisait de grands signes de la main.
« On croyait que c’était toi !! » dit Kalagor, incrédule.
« Non. Je sais pas qui c’est mais on s’en fout. Que fait-on ? »
« On va chercher ma thune ? »
« Pas la peine… J’ai appris les valeurs de la monnaie ici. Sache juste que ce que tu as amassé, ce sont des centimes. Tu as de quoi t’acheter une glace avec ça. »
« QUOI ? MAIS QUELS RADINS CES BOURGEOIS ! »
« C’est pas grave, tu t’achèteras un cerveau plus tard. » lui dit Kail en lui tapotant l’épaule d’un air faussement compatissant.
Dakan les interrompit avant que ça ne dégénère : « Bon, vous êtes contents de vous voir, moi aussi, on ne traîne pas ! »
Une femme se présenta devant eux.
« Salut à vous ! Venez avec moi, je connais un endroit sûr. » Devant la méfiance apparente de ses interlocuteurs elle ajouta : « C’est moi l’explosion ! Je fais partie de la Fédération. Tu dois être Kail, non ? Moi c’est Kiara. »
« On vient avec lui. » dit d’un ton péremptoire l’intéressé.
« Quoi, mais… » Protesta Dakan.
« On vient avec lui, c’est tout. »
« Si tu sais ce que tu fais… »
Ils s’engagèrent dans une ruelle sombre, et entrèrent dans un bâtiment à l’aspect glauque.

UT : 1906, 27 :07 :82 12 : 06. Eldar

La porte de leur chambre s’ouvrit sur Kiara.
« Venez, les responsables sont là. »
Ils descendirent un escalier humide, qui débouchait sur une salle qui, à son apparence, devait se trouver sous les égouts.
Trois hommes se trouvaient assis là. L’un frémit lorsqu’il vit Kail entrer.
« Bonjour à vous. Veuillez vous asseoir. »
« Va au fait, Sk’rii ! Pourquoi on est là ? » S’exclama Kail
Le visage du dénommé Sk’rii s’adoucit un peu plus. Il était le plus vieux du conseil ici assemblé, et lorsqu’il parla, ce fut avec toute l’autorité de sa fonction.
« 30 ans passent et tu n’as pas changé Kail ! Je suis heureux de te voir. Ne me coupe pas. Tu comprendras tout après. » Il avait levé la main pour arrêter Kail qui allait visiblement répliquer.
« Nous t’écoutons. » assura ce dernier.
« Bien. Vous savez sûrement que 30 ans se sont écoulés depuis qu’on vous a vus la dernière fois. Nauthul, s’aidant de cette planète, a conquis quasiment tout l’univers et unifié les empires. Puis il a endormi la méfiance des citoyens sous des apparences d’opulence afin d’asseoir son pouvoir. Il échoue cependant encore et toujours à atteindre son but ultime. »
« Conquérir Aeternia. » continua Dakan.
« Je n’aurais jamais cru avoir l’honneur de vous parler Dakan. Ulthuan parle toujours de vous avec le plus grand des respects. »
« Et pourquoi, s’il est aussi puissant que vous le dites, il échoue à conquérir Aeternia ? »
« Vous devez être Kalagor, impétueux jeune homme. Ulthuan m’avait prévenu… »
« DE QUOI ? »
« De rien. Si Nauthul n’a pas pu conquérir l’univers et Aeternia, c’est parce que l’unique contrepouvoir l’en empêche. »
« La Fédération ? » dit un Dakan interloqué.
« Exact. Nous avons pu l’arrêter sur un certain nombre de monde, y compris là où tous nos efforts portent : Aeternia. »
« Mais, ce n’est pas Nauthul le dirigeant de la Fédération ? »
« La Fédération est une structure commerciale. Le poste de chef peut être racheté. Nydus avait le premier empire financier de la Fédération et Ulthuan le deuxième… »
« Mais Ulthuan, la dernière fois qu’on l’a vu, remontait le voir… »
« Il lui a fait signer un testament lui cédant tous ses avoirs. Il a eu raison. Nydus a été exécuté, mais c’est Ulthuan qui a hérité de l’empire de Nydus, et de la direction de la Fédération. »
« Et il est où ? » demanda Kalagor.
« Il se bat en ce moment même sur Aeternia. Nous avons basé nos flottes sur un monde voisin d’Eldar. La lune d’Aeternia, Omega est… inhospitalière. »
« Mais Kail peut nous en parler ! Il en vient ! Vas-y, je t’écoute ! » compléta Kalagor.
Dakan se tourna vers Kail, éberlué.
« Tu viens d’Omega ? »
« Exact. Mais ce n’est pas le sujet. »
« En effet. » La voix de Sk’rii était devenue plus dure. « Ulthuan plie chaque jour un peu plus sous les assauts. Il a quasiment perdu toutes ses flottes, tandis qu’à terre, la puissance des T.I est écrasante. Il nous faut vous envoyer là-bas au plus vite. Vous prendrez un vaisseau au plus vite. Votre vol est demain. »
Kalagor se leva :
« Attendez. J’ai une question. Vous faites quoi ici, vous ? »
« Tu n’es pas censé le savoir, tu n’as pas le niveau de confidentialité requis, par contre Dakan… »
Un rugissement de rage se fit entendre.
« Bon, merci à vous ! On va pouvoir y aller. »
La voix de Dakan tentait de dominer les « RAAH ! » et les « IL VA ME LE PAYER CE CHIEN ! »
« Bonne chance. »

La Tour oscillait légèrement dans la brise de la planète Eldar. La porte du bureau du gouverneur s’ouvrit à la volée.
« Bonjour à vous, Thanatos. »
« J’ai fait ce qui m’a été demandé. Ils savent tout. Ils vont partir pour Aeternia dans l’heure. »
« Vous avez l’air malade. Reposez-vous. »
« Non…ce n’est rien. Je vous demande l’autorisation de mener la traque moi-même. »
« N’oubliez pas, ne les tuez pas. Il vous faut juste faire passer les transports de troupes quand le Portail se rouvrira. Le Seigneur Nauthul les veut vivants. Qu’Heisenberg soit avec vous ! »
« Qu’Heisenberg vous garde, gouverneur. ». Thanatos avait répondu sans conviction. Heisenberg, tout ce en quoi il croyait et ce qu’il respectait, avait cessé d’être avec lui depuis qu’un humain lui avait fait écouter un enregistrement, un humain autour duquel un piège se refermait inexorablement.
« Bonne chance, Kail. »
En contrebas, un groupe de personnes embarquait en ce moment même dans un chasseur en direction d’Aeternia, de l’Inconnu.
Et le vent continuait de souffler sur la Tour des Âges.

VI°) …Pour trouver du Nouveau !

Le chasseur s’éleva élégamment du sol fertile d’Eldar. Sk’rii et ses deux acolytes souhaitaient un bon voyage aux passagers. Le vaisseau de Kiara décolla un peu après. Elle était chargée de les escorter.
« En route Dakan ! Je suis si excité ! Ca faisait 250 ans que je n’avais pas revu Aeternia !! J’espère que Kain va bien. ». Kalagor lorsqu’il arriva sur le nom de sa planète natale. On aurait dit un enfant de cinq ans.
« Qui est-ce, ce Kain ? »
« Toi, en pire, pour résumer. Mais comme il est de la même race que Kalagor, ce dernier lui pardonne. Il y a cinq continents principaux sur Aeternia : le continent « central », Tyrrianis, dominé par l’immense empire tyrrian. »
« Quelle imagination ! »
« Pardon ? »
« Je sais pas, ils auraient pu s’appeler autrement… »
« On l’appelle aussi l’Empire d’Acier. Puis il y a Shâas à l’Ouest. Nydus y a régné pendant plus de trois siècles, c’est un endroit assez malsain. C’est le continent le plus avancé technologiquement, mais il ne font pas de magie. Au nord, c’est le contraire : c’est Dragonnia dont vient Kalagor. Ils ne sont pas allé plus loin que le fer, mais… »
« Qu’ouis-je ? Serait-ce un reproche ? Serait-ce une critique de l’avancement de mon peuple par un empereur qui a régné sur des ploucs des sables pendant 1000 ans ? » insinua Kalagor.
« Arf, il parle de Na’Bako, la capitale de mon ancien pays, situé sur le continent des Sables. C’est le cinquième continent. Le quatrième, c’est Orianis, mené par des Dragons extrêmement méchants et gras. Voila. »
« Et d’où viennent les Démons ? »
« De l’Île du Cauchemar, siège des Anges Noirs, cousins des Anges dégénérés par l’énergie des Démons. C’est probablement cette île que Nauthul cherche à conquérir. Ca doit être amusant de voir Ulthuan défendre son cher cousin d’ailleurs. »
« Enfin, moi, si je retrouve ce Melfice de mes deux, alliance ou pas, je l’écrase ! » annonça pompeusement le barbare qui mangeait actuellement un steak à mains nues.
« Tu mens. N’oublie pas qu’il te bat à plates coutures ! »
Kail prit la parole
« Nous quittons l’atmosphère. Le Portail est devant nous et… qu’est-ce que cela ? »
« Quoi ? » s’exclamèrent les deux autres.
« La Lune, regardez la Lune !! »
La lune blafarde semblait s’agiter. Dakan comprit que ce qu’il prenait pour sa surface était en fait une gigantesque flotte qui décollait.
« On dirait que c’est pour nous ! » Un grésillement se fit entendre : « crr… Ici Kiara ! Escorte en formation dent de serpent bicéphale.
« Je l’aime pas celle là. On l’a déjà utilisée contre nous. »
« A vrai dire, c’était Kiara qui avait commandité l’attaque contre vous, mais Ulthuan vous a sauvé. » commenta Kail.
L’avant-garde des chasseurs arrivait à grande vitesse.
« On fonce ! »
Tous furent cloués à leurs sièges par l’accélération. Kail n’y allait pas de main morte.
Un vaisseau allié explosa.
« crr… GROUILLEZ-VOUS ON VA PAS TEN… THANATOS ! »
« Quoi ? »
« crr … Fuyez, c’est Thanatos qui nous attaque, on est morts, vite ! »
Au même instant, le chasseur de Kiara déboula dans leur ligne de visée. Et explosa. Un gigantesque vaisseau de bataille l’avait abattu.
« Espèce d’enf… »
« Raison de plus pour y aller ! »
A présent, les trois quarts de l’escorte était morte. Ils n’avaient plus aucune chance. Le Portail était désormais tout près.
« STOP ! » cria Dakan
« Quoi ? » fit Kail sans obéir.
« Ils ne cherchent pas à nous tuer, ils veulent que j’ouvre le Portail pour eux. »
« On n’a plus le choix, c’est ça ou on meurt ! De toute façon, Ulthuan perdra sur Aeternia. Et puis, mettons que tu as tort… »
« Je connais Nauthul, c’est une de ses tactiques foireuses ! »
Dakan fut assommé net.
Par Kalagor. Il parla. Sérieusement.
« Je ne connais pas tes raisons pour vouloir retourner sur Omega, Kail, mais je te fais confiance. Je vais ouvrir le Portail. »
« Merci. Tu ne le regretteras pas. »
Kalagor lui fit juste un signe d’approbation et s’éloigna.

Les vaisseaux ennemis se rapprochaient, tandis que le dernier résistant avait été achevé par la flotte.
Le Portail se mit à pulser.
300 km.
« Bon, il est temps ! »
Kalagor entama une incantation.

Beaucoup plus loin.
« Commandant Thanatos. Le Portail sera ouvert d’une seconde à l’autre. Que fait-on ? »
« Préparez les troupes. Nous allons accoster sur Omega. »
Lorsque le lieutenant fut parti, Thanatos se mit à rire.
« Ainsi soit-il. Nauthul ! Tu n’auras jamais tes renforts, ils mourront sur Omega ! »

Visiblement exténué, Kalagor se courba sous l’effet de la fatigue. Puis il releva la tête et fit un signe de la main :
« …hattam. »
Un rai rouge d’une puissance incroyable émergea de la Porte. L’espace sembla se plisser tout autour. Soudain, ce fut comme si de secondes étoiles et constellations existaient en perception, sans pour autant pouvoir être vues.

« Impact dans deux secondes. »
Dans un ultime effort, Kalagor se leva.
« Impact dans une seconde. »
Il cria. De toutes ses forces.


« AU FOND DE L’INCONNU POUR TROUVER DU NOUVEAU ! »

Alors là, ca va etre je que je trouve être LA meilleure partie, parce qu'on y retrouve des personnages des premiers cycles d'Aeternia, qui ont tous un caractère... spécial.

Troisième Partie : Aeternia.

I°) Quelque part dans l’Univers…

…l’Île du Cauchemar était toute de rouge vêtue ce jour là. Des cadavres gisaient un peu partout sur le roc âpre planté dans l’Océan Orian. Sur la plage, des barges de débarquement finissaient de se consumer, pendant que les rares survivants peinaient à fuir le terrible courroux des Anges Noirs. Karth cherchait désespérément un moyen de s’enfuir, un moyen qu’il ne trouva jamais…
SPLACH !
« Et voilà, c’était le dernier ! » fit une voix masculine.
Une autre voix, pleine de ruse, lui répondit
« Tu me l’as piqué… Je croyais que nos chers cousins n’aimaient pas tuer, Ulthuan, ou plutôt, Monseigneur l’Archonte de Seal… »
« Tais-toi Melfice… Ils ont failli y arriver cette fois, je ne sais pas combien de temps on durera. Heureusement, Seal est arrivée à temps. »
« Oui, mais comme d’habitude, ce sont les Anges Noirs qui trinquent ! » Il désigna les cadavres de sa race, fort nombreux au demeurant. « Pourquoi tu ne mouillerais pas tes troupes pour une fois ? »
« Qu’on mette les choses au point. Tu es mon cousin par le sang, mais je te préviens, je peux sans problème te trucider maintenant si tu continues… » répondit Ulthuan, l’air très énervé.
« Et Seal, pourquoi ne reste-t-elle pas au-dessus de l’île ? Ca nous permettrait… »
« …de leur faire concentrer les assauts sur l’île, et on perdrait. La seule solution est de retarder leur avancée sur les continents pour limiter leurs attaques à des effectifs peu nombreux. »
« Ouais, mais ce n’est pas toi qui as dû supporter une semaine de siège ! »
« Ce n’est pas toi qui a dû manier les commandes de Seal nuit et jour pendant une semaine ! Ecoute, on n’arrive à rien comme ça. Rentrons, et mangeons un coup. »
« On croirait entendre Kalagor ! » Melfice haussa les épaules et suivit son cousin.
Une ombre se faufilait sur la plage. Elle se dirigea vers une barge, et décrocha un communicateur.
« Seigneur Nauthul, l’assaut a encore échoué. Seal est arrivée à temps… »
« Bon, c’est bien ce que je pensais. J’ai un plan capitaine, vous pouvez mourir tranquille. »
« Qu… »
Sa tête explosa, détruite par magie. Personne sur la plage ne l’avait remarqué.

Dans une salle d’une noirceur d’ébène, se tenait Nauthul, dans un costume de guerre.
« Exécuteur Dirac, présent. »
Un hologramme venait d’apparaître. L’homme était grand, mince à la peau blanche et l’air visiblement malsain. C’était le supérieur de Thanatos, qui se trouvait sur Eldar.
« Comment avez-vous fait pour faire passer le Portail aux ondes ? » demanda le dénommé Dirac. »
« Le Portail a été ouvert pendant quelques minutes. Le commandant Thanatos est passé et a déployé des câbles de communication. Avez-vous ce que je vous ai fait apporter ? »
« Oui Seigneur. Le mage est là. »
« Excellent. Maintenant, nous allons… »

Le premier vaisseau de bataille se matérialisa dans l’autre monde.
« Commandant ? »
Le commandant Thanatos était face à la verrière du vaisseau-amiral, perdu dans ses pensées.
« Commandant, que fait-on ? »
Brusquement tiré de ses pensées, Thanatos se retourna.
« Faites baser les flottes sur Omega. Un détachement que je commanderais personnellement sera envoyé en avant-garde sur Aeternia. Elle est composée… d’une unité spéciale.»
Le garde s’en alla.
« Où en étions-nous ? » continua Thanatos, seul dans la pièce.
Une voix âgée lui répondit de derrière la porte.
« C’est vraiment ce que vous voulez faire ? »
« Oui. Ai-je la confiance de vos hommes ?»
« Vous avez fait tuer leurs familles pour certains, mais je pense qu’ils vous obéiront. »
Le silence dura quelques minutes, pendant lesquelles Thanatos contemplait d’un air perdu l’espace infini. Le vieillard prit à nouveau la parole.
« Vous êtes vraiment courageux. Là-bas, c’est la mort qui vous attend… »
« Et je reverrais ce Kail, Sk’rii… »
Son visage s’adoucit à la mention de ce nom.
Sk’rii partit dans le compartiment de l’amiral annoncer à ses hommes les détails de l’opération.
Et Thanatos regardait Aeternia…

Le transporteur tanguait de manière étrange.
« Kail, pourquoi on ne se dirige pas vers Aeternia ? » demandait un Kalagor très anxieux.
« Ce n’est pas là où je vais. A priori, vous devriez avoir asses de carburant pour aller sur Aeternia. Moi, je vous quitte sur Omega. »
« Pourquoi tu veux y aller ? Qu’est-ce qu’il y a là-bas ? »
« Une base lunaire désaffectée que les Terriens utilisèrent pour certaines expériences. Il y a notamment un complexe de l’IXS (Institut des Xéno Sciences). Il faut que je m’y rende pour y régler… des problèmes personnels. Prends ça. »
Il lui tendit un morceau de papier.
« C’est quoi ? »
« Tu ne le liras que si tu as la preuve formelle de ma mort. C’est mon … testament. Il est crucial que tu le gardes. »
« Je croyais qu’un testament, c’était plutôt du genre « je lègue à mon chien mon Dragémon préféré… »
Kail sourit.
« Appelle-le comme tu veux, mais ne le perds pas. »
Le chasseur entama une phase d’approche. Après d’interminables remous, il se posa sur la surface poussiéreuse d’Omega. Le paysage n’était guère enchanteur : des installations désertes, sans rouille ni trace de dégradation, le tout enveloppé d’une aura malsaine presque palpable.
Kail, en combinaison, sauta du vaisseau, et s’adressa à Kalagor.
« Allez, si vous venez ici, il y a de l’air dans certains endroits de la station. »
« Comment ça se fait que tu viennes de là ? »
« Au revoir. Cro-Magnon. »
« A plus, prétentieux. »
Kalagor ferma le communicateur et prit les commandes du vaisseau.
« Eh bien, il ne reste plus que nous deux maintenant ! » fit-il en s’adressant au corps inanimé de Dakan.
Le vaisseau s’éleva maladroitement dans l’éther, s’éloigna, puis disparut.
Kail se retourna alors vers le centre.
« A nous deux maintenant ! »

II°) Terre hostile

Le silence régnait à bord, excepté la chansonnette que Kalagor avait dans la tête. Chanson assez ridicule par ailleurs. Rien n’avait bougé, et pourtant on sentait clairement un vide. L’âme de ce vaisseau était partie en même temps que son pilote. Les efforts méritoires de Kalagor pour diriger le correctement eurent pour effet d’éviter de justesse une ceinture d’astéroïdes, dans une manœuvre incroyablement technique réalisée par un Kalagor cherchant les miettes de son sandwiche dans le clavier de l’ordinateur central.
« Si ça ne te dérange pas, j’aimerais reprendre les commandes. »
Dakan s’était réveillé, mais avait l’air assez peu réveillé.
« Non, ça va, je gère ! Tu t’es enfin réveillé ! A un moment j’ai cru avoir tapé trop fort… »
« DONNE-MOI CES COMMANDES ! » cria Dakan après avoir vu un rocher suffisamment près pour pouvoir le décrire en détail. « Et pourquoi tu m’as assommé ? Que m’as-tu fait pour me mettre dans cet état ? Où est Kail ? »
« Je t’ai assommé parce que tu jouais à l’abruti. Tout le monde savait ce que Nauthul avait en tête. T’y crois vraiment à cette histoire de terroristes qui font sauter le mur de notre prison ? Ce serait la première fois qu’on lui échappe ! Kail avait une bonne raison d’aller sur Oméga. »
« Il est sur Omega ? »
« Tu sautes une question là ! Pour te mettre dans cet état, j’avais besoin de ton pouvoir pour ouvrir le Portail, j’ai donc puisé dans ton esprit. C’est assez désagréable, mais ça marche. »
« Où est mon grille-pain ? »
« Je me demandais quand tu le demanderais. Il est là, à ta droite. Kail l’a exorcisé, il est inoffensif dorénavant ! »
« C’est gentil de sa part. Qu’est-ce qu’il veut faire sur Omega ? »
« J’en sais rien. Je lui fais confiance. »
« Toi ? Faire confiance à Kail ? »
« Je n’aime pas quand il se prend pour le roi du monde, mais je voyais que ça le prenait aux tripes de revenir sur Omega. Et je respecte ça les tripes… »
« Passe-moi les commandes. »
La vie du vaisseau avait repris son cours habituel. Jamais ils ne s’étaient retrouvés sans Ulthuan, June ou Kail, c’était bizarre, il manquait quelqu’un. Kalagor alla se chercher un nouveau sandwiche dans le minibar. Autant il avait failli oublier le carburant, autant il avait veillé au remplissage des réserves de nourriture.
Aeternia grossissait dans le hublot. La planète déployait ses multiples teintes aux yeux des passagers.
« On se pose où ? »
« A Tyrrianis, c’est le mieux. Là, c’est Tyr Tirionis ! On descend. »
Suivant les indications de Kalagor, Dakan se mit à faire descendre le chasseur dans l’atmosphère.
« Ah non ! C’était Orianis ! Bon, alors c’est là j’en suis sûr ! »
Quelques minutes plus tard.
« Comment pouvais-je savoir que l’océan était bleu vu de haut ? Bon, c’est là, sur et certain. »
Ils survolèrent une lande aride et déserte dont les failles encore ouvertes ne laissaient plus échapper que des gaz inoffensifs. Faerth. Une secousse ébranla l’appareil.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Kalagor
« J’en n’en sais r… ATTENTION ! »
Une nouvelle secousse fit trembler le chasseur. Le grille-pain manqua Kalagor de deux centimètres.
« Dakan, j’ai trouvé le problème… »
Kalagor désignait un trou dans la coque. Le métal était fondu sur les pourtours : c’était l’œuvre d’une quelconque arme enflammée.
Un point rouge apparut dans l’axe de la brèche.
Dakan para le sort à toute allure. Hélas, il avait du lâcher les commandes qui échurent à Kalagor. Celui-ci, fort de ses précédentes expériences de pilotage, planta le chasseur dans une cheminée volcanique.
Le choc fut terrible. Kalagor fut projeté hors du vaisseau tandis que le grille-pain faillit disparaître dans une faille, mais Dakan le rattrapa. Ils tombèrent tous deux du vaisseau une centaine de mètres après Kalagor. La carcasse du chasseur vint se ficher dans un meärow qui n’avait rien demandé à personne. Cela lui fut mortellement fatal.

Il était 16 heures de l’après-midi Aeternian.

« Commandant, cet individus était dans le chasseur dont nous vous avons parlé. Les occupants ont réussi à parer nos sorts. Ce sont sans doute des mages renégats. Nous demandons donc l’autorisation de le torturer jusqu’à ce que mort s’ensuive. »
« Attendez une seconde… Quel est l’armateur du chasseur ? »
« La Fédération chef ! Cet enfoiré de Nauthul ne recule devant rien pour nous berner ! »
« Navré, mais tes preuves sont un peu minces… »
« Ah bon ? »
Kalagor se réveilla.
« Ohlala… ne me dites pas que je suis à Faerth ! » commença-t-il, la bouche pâteuse.
« Vous êtes au plus beau pays du monde. Le pays du roi Kain ! » répondit avec enthousiasme le subordonné.
« OH NON !!!! On est à Dragonnia ! » Kalagor se frappa la tête.
Le chef prit la parole :
« Pour haïr ce pays, il faut qu’il y ait vécu pas mal de temps… comment vous nommez-vous ? »
« Kraal Aajghoir. Chasseur de roi de son état avant que Kain ne monte sur le trône. »
Le subordonné sursauta, c’en était visiblement trop pour lui.
« C’est un Dragonnien. Et Kraal Aajghoir en plus ! Nauthul se permet vraiment tout ! Il faut l’exécuter ! »
Il sortit une lance, qui fondit instantanément. Le capitaine l’avait arrêté. Il affichait un air de franc intérêt.
« Vous êtes… Kraal Aajghoir ? »
« Oui » répondit Kalagor, passablement énervé. « Ecoutez, je reviens de TRES loin, on a essayé de me tuer pas mal de fois dans la journée, il y a un super décalage horaire entre les deux mondes, alors je vous prierais de me laisser partir ! »
« On ne va pas laisser partir un présumé coupable comme ça ! » rétorqua le subordonné.
« Là, je suis d’accord avec vous. Le roi souhaitait depuis longtemps s’entretenir avec vous, Kalagor Raajhi, ou Kraal Aajghoir, comme vous voulez. »
Kalagor mit du temps à se remettre de sa surprise. Finalement, il lança d’une voix rauque :
« D’accord, je vais à Kar Kraeth avec vous. Mais d’abord j’ai des affaires à récupérer. »
« Quelles affaires ? »
« Un ami… et un grille-pain. »
Dakan sentit à peine la main de Kalagor le tirer. Par contre, il sentit très bien les épines rocheuses s’enfoncer dans son dos et le lacérer.
« Kalagor, ça te vexe si je te demande de me laisser marcher seul ? »
« Au contraire, ça me reposerait. »
Dakan s’assit alors, et se tourna vers le capitaine.
« Quelle est la situation à Aeternia ? »
« Désolé, seigneur Dakan, mais je ne suis pas autorisé à vous le dire. Vous devrez l’apprendre de la bouche de Kain. »
Kalagor prit la parole :
« T’as vu ? On n’a même pas quitté Kail qu’un nouveau je-sais-tout arrive ! »
« Ah, d’ailleurs, le seigneur Kain voudrait discuter avec Dakan de problèmes qui ne vous regardent pas, monsieur Raajhi. »
« CA NE VA PAS RECOMMENCER !!!!! » Kalagor partit dans une tirade heureusement rendue incompréhensible par la rage qui l’étouffait.
« N’essayez même pas de lui cacher quelque chose, c’est fichu d’avance. » dit Dakan en essayant de couvrir les borborygmes de Kalagor.
« C’est dur d’avoir un boulet pareil, hein ? » fit le capitaine en se tournant d’un air accusateur vers son subordonné qui ne semblait pas comprendre.
« Bon, en route pour Kar Kraeth ! »
« On y va comment ? J’ai un mauvais souvenir de ma dernière traversée à pied de la plaine maudite de Faerth. »
« Oh, ne vous inquiétez pas, on a des téléporteurs des Anges. »
Les hoquets de Kalagor cessèrent.
« Je l’avais oublié. Dakan, rappelle-moi de faire la peau à Ulthuan quand on le verra. »
« A l’Archonte ? » s’étonna le capitaine.
« Archonte ? Il a fait du chemin le petit. »
« Vous saurez tout à Kar Kraeth. Si le sauvage veut bien me suivre… »
Ils saisirent les balises. Le capitaine composa un code.
Il disparurent ainsi de Faerth, où ils ne devaient jamais revenir.

III°) Kain

Ce fut le noir complet pendant un temps très court et pourtant qui semblait une éternité, tant le néant des sensations se rapprochait de la mort. Puis ce fut le bout du tunnel. Les sobres tentures rouges furent éclairées par une lumière bleue qui se réfléchissait de mur en mur. La cour, si tant est qu’on puisse nommer un tel assemblage de rudes seigneurs de guerre et de Dynastes Chevaliers-Dragons, s’arrêta un bref instant, pour reprendre le cours de sa conversation. Le petit groupe apparut ainsi près des marches de l’escalier royal.

« Hééé, attention !! » prévint Kalagor.
Trop tard. Un personnage vêtu d’une armure de fer pointu et lourdement armé fut surpris par cette soudaine arrivée, et se prit les pieds dans une lourde cape pourpre avant de s’effondrer lamentablement aux pieds de Kalagor.
« MAIS POURQUOI ON M’OBLIGE A ME COLLER CETTE CAPE DE M**** ? » hurla le nouveau venu.
Il avait l’air extrêmement mécontent, voire aussi rouge que sa cape, qui s’enflamma en un instant pour être réduite en un tas de cendres sur le tapis.
« Bon, je serais enfin tranquille. J’espère ne pas avoir trop amoché le tapis. Voyons, qui m’a fait tomber que je le grille ? »
Il se retourna vers le groupuscule.
« Et c’est ça, votre demande prioritaire, capitaine ? Vous serez dégradé, vous passez commandant ! » dit-il d’une voix forte, comme s’il voulait être écouté.
« Je suis navré votre grâce. Je les ferais mander dans vos appartements pour qu’ils soient châtiés de leur témérité ! » répondit le nouveau commandant, d’un ton respectueux teinté d’ironie.
Le roi parut satisfait et s’en retourna, grommelant.
« Et c’est Kain ça ?? Il s’est bien embourgeoisé ! Je n’aurais jamais dû lui donner le trône ! » tempêta Kalagor.
« Ne soyez pas trop dur avec lui. Il y a des espions partout, il veut leur faire croire que vous n’êtes pas importants. Quant à l’embourgeoisement, il me semble que le sort fait à la cape est significatif du fait qu’il reste le Maître Draconique que vous avez connu. Au fait, je crois me rappeler que votre seul conseil avant qu’il ne monte sur le trône était d’instituer une fête nationale du Poisson, si je ne m’abuse. » répliqua le commandant.
« On est où ici ? » demanda Dakan, avant que Kalagor ne réplique. Sans doute aurait-il argué sur la nécessité de la défense de ces pauvres êtres mal-aimés.
Des groupes se matérialisaient et se dématérialisaient à un rythme effréné dans la Grande Salle. Un peu partout couraient des messagers, des hommes faisant visiblement partie de l’état major transportaient des cartes et discutaient d’un air sombre. Le Commandant leur répondit :
« A Kar Kraeth. Oui, je sais ça a changé par rapport à l’austère krak que vous avez connu, mais Kain a beaucoup fait évoluer le pays. Vous êtes ici dans le deuxième centre de commandement de la résistance aeternianne après Seal. Il faut avouer que Tyr Tirionis n’a pas tenu bien longtemps… »
« Tyr Tirionis a été prise ?? Où en est la guerre, commandant… » s’étonna Dakan.
« Commandant Farath. La moitié de Tyrrianis a été prise, avec Saïs. Bizarrement, Ouest-Tyrrianis a tenu. Mais ce n’est plus qu’une question de temps. Ils ont réussi à prendre pied sur Dragonnia par Tuhat, mais ils cherchent à prendre Terith qu’on défend de toutes nos forces. Faerth est livrée aux escarmouches. Orianis sert de base arrière, tandis que l’Île du Cauchemar et Lathea sont les enjeux principaux de la guerre. S’ils prennent l’un d’entre eux, on est morts… »
« Je comprend qu’ils veuillent prendre l’Île du Cauchemar, vu que les Démons y sont, mais je ne comprends pas pourquoi ils veulent prendre Lathea »
« C’est Na’Bako qui les intéresse. S’ils réussissent à la prendre, ils fermeront le Pôle et c’en est fini de la magie. Une offensive se prépare d’ailleurs. Ecoutez, je ne peux rester trop longtemps avec vous, mais je vous laisse mon subordonné. Il s’appelle Mahag. Mahag, tu obéiras désormais à Dakan. »
Le dénommé Mahag acquiesça. Farath s’en alla ainsi dans les couloirs bondés, allant rejoindre l’état-major.
« Bon, on va voir Kain ? » proposa Kalagor.
« On ne dit pas Kain, on dit le Roi, le Seigneur Eternel, Kain le Magnifique, ou encore Kain aux Cinq Empires. » rétorqua Mahag d’un ton cérémonieux et outré.
« Le magnifique ? Et puis quoi encore ? On y va ou pas, Dakan ? »
« Si tu y tiens. Moi, plus tôt je revois Na’Bako, mieux c’est. »
Ils marchèrent dans les couloirs, guidés par les indications de Mahag, pendant un très long moment. Enfin, après un nombre incalculable de virages, détours et tests d’identification magiques, Mahag déclara : « C’est là ! »
« Normal, on a fait tout le reste de la forteresse ! » dit acerbement Kalagor.
Ils entrèrent dans la salle. Elle était encore moins ornée que le reste du « palais ». Il n’y avait là que de la pierre brute avec des filons, dont on aurait dit qu’ils étaient formés de feu. Aucune tenture, et pour tout mobilier un chevalet avec l’armure de Kain et quelques chaises. En bois dur non laqué, bien sûr.
Ils attendirent un moment gênés. Enfin, un Kain fumant ressortit d’une pièce attenante, vêtu d’une robe de chambre avec des petits dragonneaux dessus. Il ne remarqua les invités qu’après avoir revêtu son armure.
« Ben quoi ? » fit-il devant leur air interdit.
« Jolie robe de chambre… » complimenta Kalagor avec un sourire qui lui prenait au bas mot la moitié de la face.
« C’est ma mère qui me l’avait offerte. En plus, comme les dragons ont disparu… »
« QUOI ? » Kalagor avait laissé s’échapper un bruit tenant bizarrement autant de l’exclamation, de la surprise et de la peine.
« Tous morts. Une incursion à Faerth, et Nauthul a eu les derniers. Quant aux Dragons Orians, c’est nous qui les avons eus. Mais ce n’est pas ça qui m’intéresse. Seigneur Dakan, enfin de retour sur Aeternia. Avec Kalagor malheureusement. Enfin, je suppose qu’on ne peut pas tout avoir… » soupira Kain avec une peine feinte.
Alors que Dakan allait, comme à son habitude, tuer le débat dans l’œuf, Kalagor le poussa et continua :
« A propos de nos relations, j’ai appris que je n’avais pas le droit à certaines informations… »
« Mais non ! Comment peut-on penser chose pareille ? Qui t’as dit ça ? » se récusa Kain.
« Farath. »
« Il faut vraiment que je le dégrade celui-là !! Il terminera Général des armées à ce rythme ! » dit Kain dans un sourire sardonique.
Enfin, Dakan prit la parole : « Tu nous as fait mander pour nous communiquer des informations. Lesquelles ? »
« Le Colonel Farath vous as informé sur les fronts actuels… »
Kalagor le coupa net, s’attirant les foudres de Mahag :
« Comment il a pu le faire ? »
« Ben, il a prit à droite après le hall, c’est direct ! »
Dakan et Kalagor se retournèrent d’un coup vers Mahag, qui avait brusquement rougi et qui marmonna un « mainonmaiquoimaisjepouvaipasavoirmoi !! » peu convaincant.
« Veuillez ne pas abîmer le lieutenant Mahag je vous prie. Bien. Il est d’autres choses à savoir. Ulthuan mène actuellement la rébellion. Il vous veut pour une mission extrêmement secrète, je ne peux même pas vous en dire plus. »
Kain jeta un coup d’œil éloquent à Kalagor et Mahag.
« Je sais juste qu’il vous faut vous rendre à Na’Bako de toute urgence. Vous utiliserez un téléporteur pour vous rendre sur Lathea, mais les liaisons sont coupées avec Na’Bako pour raison de sécurité. Bonne chance. »
Il se dirigea vers la porte et l’ouvrit, laissant clairement entendre à ses invités que l’entretien était clos.
« Attends deux secondes Dakan, j’ai à te poser un question sur ton histoire… Les deux autres, attendez dehors. »
Ainsi, Kalagor et Mahag furent quasiment fichus à la porte, laquelle claqua. Assez violemment.
Enfin, Mahag prit la parole, visiblement avide d’en savoir plus sur ceux qui étaient en si bons termes avec son roi adulé.
« Où as-tu rencontré Kain ? »
Kalagor, qui s’était penché vers la porte pour écouter la conversation, se releva. Mahag, en débutant, avait commis une erreur gravissime.
« Tout commença quand j’étais encore petit… » entama un Kalagor réjouit d’avoir quelqu’un sur Aeternia qui ne fusse pas prévenu de sa légendaire capacité à enjoliver et surtout à rallonger de manière quasi-fatale –pour l’auditeur bien entendu- son histoire.

A l’intérieur, Kain, rassuré d’entendre Kalagor parler et rassuré de savoir qu’il n’écoutait plus, se dit qu’il fallait vraiment dégrader ce Mahag un bon coup.
« Que me veux-tu ? » demanda Dakan.
« Bon, il faut que tu saches. Ulthuan vous veut à Na’Bako pour que vous rameniez les Xénos. »
« IL EST FOU ? On ne peut plus les ramener du plan psychique, la Cité-Mère a été détruite lors de la Troisième Apocalypse ! »
« Il a fait un pari très risqué… Il a envoyé Kail sur Omega pour aller chercher les éléments de la station lunaire. En effet, il existait un portail là-bas aussi. »
« Et que s’était-il passé ? »
« La première fois, Kail revint bredouille. La seconde fois, il ne revint qu’après de longs mois. Personne ne sut comment il avait survécu, ni qu’est-ce qui lui avait prit autant de temps, mais en tout cas, alors que le Kail de base ressemblait à Kalagor, il est devenu taciturne et secret. Un peu comme Ulthuan. »
« Il a ramené les éléments ? »
« Oui. »
« Il y a une question que je me pose. Comment Kail a-t-il pu se rendre sur Omega, qui était derrière le Portail ? »
« On en vient à la troisième information. Kail vient d’Omega. On ne sait pas qui il est ni ce qu’il est. Rien ne vit là-bas, mais il pouvait ouvrir le Portail, ce qui pose un problème. Seul un être tel que toi pouvait l’ouvrir. Nauthul ne l’a jamais su. »
« Peut-être que… »
« Que quoi ? »
« Rien. On y va tout de suite ou on laisse souffrir Mahag ? »

La porte s’ouvrit une demi-heure plus tard. On aurait presque dit que la barbe de Mahag avait poussé entre-temps.
« Attendez, j’en étais à l’anniversaire de mes cinq ans !! » protesta Kalagor.
« Tu sais, tu as quand même 600 ans, tu pourrais résumer… » répondit Dakan
« Et gâcher tout le piquant ? Jamais ! Bon, Mahag, on remettra ça plus tard, d’accord. »
Ledit Mahag était tellement amorphe qu’il ne put répondre.
« En route les amis. C’est parti pour Na’Bako ! »
Ils franchirent ainsi la porte de Kar Kraeth –qui se trouvait à droite de la chambre de Kain-, dans la gloire du soleil couchant.

Quelque part sur Aeternia, dans une salle d’une noirceur d’ébène, un messager entra.
« Seigneur Nauthul –STOP- Groupe répéré à Kar Kraeth –STOP- Se rendent à Na’Bako –STOP- Ce messager s’autodétruira dans … »
Le messager sortit un bolter et se fit exploser le crâne.
L’image holographique de l’Exécuteur prit la parole :
« Ingénieux, mais coûteux en hommes ! » dit-il, admiratif.
« Je sais. Mais il est toujours bon de voir combien ses soldats sont prêts à se sacrifier pour sa personne. » répondit Nauthul, à moitié dans l’ombre
« Alors ? »
« J’ai vraiment bien fait de faire mettre ce micro dans le grille-pain par Thanatos. »
« A propos de Thanatos, toujours pas de flotte en vue ? »
« Non, on dirait qu’il s’est perdu. Pourtant, il n’y a qu’un soleil et une lun… OH NON ! Ne me dites pas qu’il s’est posé sur Omega… »
« Je crois bien que si. »
« Bon, tant pis. »
« Que faites-vous pour Na’Bako ? »
« Les troupes vont se mettre en place. Que la guerre reprenne. Que le fracas des armes se fasse entendre afin que le sang coule en abondance sur le sable de cette maudite Cité Morte ! »

Carte rognée d'Aeternia pour que vous puissiez suivre un peu mieux...

IV°) Sables mouvants.

« Bouge-toi de là, manant ! »
« Oui, seigneur ! »
« Aah, comme j’aime ce pays ! »
Un petit groupe de trois personnes visiblement étrangères se frayait un chemin à grands coups d’insultes parmi une foule dense. La ville portuaire croulait sous un trafic important ce jour là, et le fait que la température avoisinant celle nécessaire pour cuire un steak n’arrangeait franchement pas l’humeur des habitants.
« Kalagor, ce n’est pas parce que tu as passé 150 ans ici que tu dois te conduire en maître ! » protesta Dakan.
Mahag ne se lassait visiblement pas de s’étonner de ses étranges compagnons.
« Il a passé 150 ans ici ? Mais pour faire quoi ? »
« Plus exactement dans le désert de la Cité Morte. Pour fusionner avec un autre aspect du feu que je ne maîtrisais pas, et pour mener à bien mes recherches. »
« Des recherches ? Toi ? »
« Si tu veux me vexer, c’est raté, essuyer mes chaussures souillées par Dragonnia sur ces passants m’a soulagé. Je faisais des recherches sur le passé de ce monde. On remarqué, Ulthuan et moi, que de Saïs à l’Île du Cauchemar, deux types d’architectures sont omniprésents. J’ai découvert que ces architectures viennent des deux vagues de colonisation de la planète : ceux que j’allais plus tard connaître sous le nom de Xénos, et les Humains. Ils ont tous deux érigé des villes très spéciales, huit en tout, qui ont pour capacité de puiser dans le noyau d’énergie de la planète de la magie. Ce sont les Pôles. Na’Bako est l’un d’eux, c’est d’ailleurs là où les Xénos ont débarqué. »
Mahag resta bouche bée. Apparemment, sous ses apparences incultes, Kalagor cachait une intelligence appréciable et une très grande curiosité scientifique. Seulement, il le cachait très bien…
Dakan prit la parole :
« Sur ce coup, tu m’as étonné. Qui aurait pu deviner que c’était Tyr Tirionis le Pôle qu’on cherchait ? Enfin bon, ce n’est pas le sujet. On va quitter la ville par la porte nord-est. On a une longue route à faire dans le désert, surtout que la route a été sabotée par la Résistance. »
Sous les indications de Dakan, ils sortirent de la ville sous les regards impressionnés des passants : ils partaient pour la mort.
« On est où exactement ? » demanda Kalagor.
« Dans la trouée entre les deux plateaux rocheux de l’Ouest de Lathea. On va suivre la vallée jusqu’au désert. Là, on a intérêt à se dépêcher, parce qu’on en a pour trois semaines d’eau. »
« Pourquoi on n’a pas pris un chasseur de l’Archonte ? » s’étonna Mahag.
« Ulthuan a remis les Pôles en route. Les tempêtes magnétiques ont repris leur cours sur Lathea. C’est le continent le plus magique après Dragonnia. » répondit Kalagor.
De part et d’autre du ravin où ils étaient, deux falaises rocheuses légèrement orangées. Leur structure était étrange : elles semblaient trouées de toutes part, formant un amas de roches coupantes comme un couteau. Ils continuèrent ainsi à discuter tout en marchant jusqu’à que la nuit tombe. Ce jour là ils bivouaquèrent dans un trou un peu plus gros que les autres. La nuit sur la roche était peu agréable, mais au moins aucun être vivant n’était présent dans les environs.
Le lendemain matin, alors que le ciel irisé s’éclairait lentement par la lumière de l’aurore, ils se remirent en route. Kalagor en profita pour raconter son histoire à Mahag. Prudemment, Dakan emmenait son grille-pain et les devançait de loin.
« …et c’est ainsi que, alors que je venais juste d’avoir 7 ans, je reçus … » narrait Kalagor, maintenant d’une poigne de fer un Mahag qui soudain avait arrêté de marcher.
« Eh, ne me fais pas le coup de la panne, hein ! Ulthuan a déjà essayé… »
« Attends, j’ai entendu quelque chose ! DAKAN ! » Mais Dakan ne répondit pas à l’appel.
Un bruit se fit entendre sur la falaise.
« On est dans la m… » commença Kalagor
« Le trou ! » chuchota Mahag, avant de se réfugier dans une cavité salvatrice. Kalagor le suivit. Les bruits s’intensifièrent, devenant bientôt des pas lourds qui martelaient le sol sur un rythme défini et continu. Quelques pierres tombèrent dans le ravin, occasionnant des sursauts chez un Mahag terrorisé.
« BOUH ! »
« AHHHH ! »
« Je t’ai fait peur, héhéhé… »
« Comment peut-on être aussi stup… »
Des bruits de pas se rapprochèrent. L’homme cherchait visiblement quelque chose.
« Peut-être que c’est Nauthul ! Il a sûrement deviné qu’on était là, on est morts ! »
« Je n’aurais jamais cru que quelqu’un puisse me battre en matière de suppositions foireuses… Il faudrait que je parle de toi à Ulthuan ! » dit un Kalagor enchanté.
Soudain, l’ouverture du trou fut obstruée par un corps.
« AH ! »
Mahag se rua sur le nouveau venu, essayant de le rouer de coups. Il reçut pour toute réponse une décharge d’énergie qui le projeta à terre.
« Vous voilà les gars ! Je vous ai cherché partout, j’ai cru que c’était vous qu’ils avaient pris ! »
Dakan prit le corps inanimé de Mahag et le hissa à l’extérieur. Kalagor sortit à son tour.
« T’as une idée de ce qui nous est passé dessus ? »
« Viens, tu vas comprendre. »
Dakan se mit à courir sur les rochers, les escaladant avec une aisance déconcertante. Kalagor en fit pourtant de même, malgré sa masse imposante. Enfin, ils arrivèrent en haut de la falaise, pour contempler un spectacle auquel assistent d’habitude les êtres dont l’espérance de vie est en chute libre depuis peu de temps.
Des milliers de T.I déferlaient sur le plateau, harnachés dans leurs armures énergétiques, le bolter dans une main, la flamberge dans une autre. Ils n’étaient pas très nombreux, mais chacun valait trois soldats au combat.
« Ils vont où ? »
« Il faut qu’on accélère le train !! Ils vont à Na’Bako, il faut prévenir Ulthuan de toute urgence ! »
« On envoie Mahag ! »
Ledit Mahag veillait soigneusement à rester couché sur le sol. Cela dit, après quelques baffes, il fut à nouveau disposé à écouter.
Le groupe se sépara ainsi, Mahag retournant sur ses pas pour prévenir Ulthuan de toute urgence, Kalagor et Dakan tentant d’atteindre Na’Bako avant l’ennemi.
« Prenons par le ravin, c’est plus rapide. » informa Kalagor.
« Tu es sûr ? »
« J’ai vécu pas loin d’ici, alors pour faire les courses… »
Ils plongèrent donc au fond du Gouffre. Marchant à un rythme rapide, ils progressèrent ainsi pendant une journée. Le lendemain, ils arrivèrent à la fin du plateau : le ravin s’amincissait pour devenir un tunnel.
« Ca débouche directement sur le désert ! On y va ! » lança Kalagor.
« Ok. »
Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’était qu’ils avaient dépassé l’armée T.I. Ce qu’ils avaient encore moins prévu, c’était de tomber sur l’avant-garde.
Un coup de feu retentit, mais le projectile explosa une pierre à côté de Dakan.
« Des snipers ! On fonce dans le tunnel ! » Kalagor se rua vers l’avant, Dakan sur ses talons.
Enfin, il atteignit le tunnel. La lumière tamisée du jour l’éclairait, et il pouvait même entendre le son d’une minuscule cascade.
« On les a eus, pas vrai Dak… »
Dakan n’était plus derrière lui.

V°) Destins convergents.

La salle était couverte d’un blanc nacré, donnant à l’endroit l’aspect d’un écrin. Au centre se tenait un homme. Avec deux ailes dans le dos.
« Seigneur Ulthuan, des troupes ennemies convergent vers Na’Bako. Ils sont des milliers. »
« Je sais, Kaël, je sais. Faites renforcer les défenses. Nauthul ne m’aura pas. »
« Ce pourrait être une diversion… »
« Non. Je le sais grâce au grille-pain… »
« Au quoi ? »
« Laissez tomber. Que Seal prenne son envol vers la Cité-Mère. »
« La Cité-Mère, mais c’est Na’Bako qui est attaquée… »
« Je sais ce que je fais. Nous ne serions jamais là à temps si on volait directement vers Lathea. »
« Et les chasseurs ? »
« Je ne veux pas désactiver les tempêtes électromagnétiques autour de Na’Bako. Elles sont trop importantes. »
« Il en sera fait ainsi, selon vos désirs, Archonte. »
Ulthuan, à nouveau seul, se pencha vers le bassin où se reflétaient les destinées des différents points stratégiques. Il se mit à parler, songeur :
« Etonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux faits d’astres et d’éthers.
Dites, qu’avez-vous vu ? »

Deux hommes s’approchèrent du corps en sautillant sur les rochers.
« Tu penses qu’il est encore vivant ? »
« Monte la garde, l’autre ne doit pas être loin. »
Splach.
« Splach ? »
Splach.
Une forme avait surgi, l’épée à la main.
« Et meeerde… Dakan, réveille-toi ! »
Il n’eut pour réponse que le vent du désert annonçant une clameur immense. L’armée de Nauthul avançait.
Bon ! Tant pis.
Il prit le corps inanimé de Dakan et s’enfonça dans le tunnel.

« Commandant Thanatos, nous sommes en orbite autour d’Aeternia. »
« Envoyez les sondes. Je veux savoir où Nauthul se cache. Et, envoyez un détachement sur ce continent désert à l’est. »
« Les compteurs indiquent une activité électromagnétique trop forte. Nous nous écraserions. »
« Alors gardez les sondes. J’ai une autre idée… »
Il se retourna et scruta le reflet de la planète qu’il avait projeté de sauver, uniquement par vengeance.

L’éclat brumeux du regard de celui qui a trop dormi sans sommeil accueillit Dakan au réveil. Il promena son regard sur son environnement. C’était une maison rude mais bien meublée. Ca et là traînaient des instruments de mesures visiblement usagés et des croquis d’architecture étaient attachés aux murs. Il tenta de se lever, mais ses jambes cédèrent sous son poids. Il était trop faible. En tâtant son dos à la recherche de la source du mal, il s’aperçut alors de la plaie dans son dos. Le contact avec cette chair meurtrie faillit lui faire perdre connaissance. Quelqu’un l’avait visiblement recousue avec adresse, quoique quelques peaux arrachées témoignaient de son manque de maîtrise de sa force. Enfin, il put se lever, les jambes flageolantes. Il marcha lentement jusqu’à ce qui tenait lieu de cuisine. Le désastre qui lui apparu était purement répugnant. Des déchets alimentaires si abîmés qu’on ne pouvait distinguer végétaux et chairs jonchaient le sol. Des bruits provenaient de la pièce d’à côté. En s’approchant, il se rendit compte que c’était le souffle du vent sur le sable. Lorsqu’il ouvrit, il vit le plateau environnant plus de cent mètres en contrebas. Où étaient donc les armées de Nauthul ? Enfin son cerveau remarchait. Combien de temps avait-il dormi ? Où était-il ? Et où était Kalagor ?
Il ouvrit la porte à sa gauche. Kalagor se tenait au milieu, debout, comme en transe. Des volutes de sable tournoyaient autour de lui. Soudain, il ouvrit les yeux et frappa : projetés avec la force destructrice d’un météore, les grains de sable s’écrasèrent contre la paroi.
« Tu t’amuses ? »
« Tiens, tu t’es réveillé. Ce que tu viens de voir est le fruit d’années de travail acharné. Le sable est le désert, et le désert, c’est le feu. Je suis venu ici pour étudier cet aspect de mes pouvoirs. »
« En tant qu’Avatar du Feu, c’était naturel. On est où ? »
« Chez moi. »
« Ca explique la cuisine. »
« Quoi ? »
« Rien. J’ai dormi combien de jours ? »
« Trois jours. Lors de mes méditations, j’ai vu les armées de Nauthul disparaître à l’horizon. La bataille a dû avoir lieu. Espérons que Mahag soit arrivé à temps. »

Un humain visiblement desséché entra dans la ville.
« De l’eau… Prévenir…Ulthuan. »
« Que vous est-il arrivé ? »
« Me suis perdu. »

Après un long silence, Kalagor parla :
« En fait, c’est peu probable. Je parie qu’il n’est même pas encore arrivé ! »
Il éclata de rire.
« Combien de temps on reste ici ? »
« Deux jours. Le temps que je soigne ça. Tu as perdu beaucoup de sang. Montre la blessure. »
Dakan s’exécuta. Il sentit une douce chaleur se répandre dans son corps au contact de la main de Kalagor.
« Ca se refermera demain. On repartira après-demain. »
« C’est entendu. »
« Tu veux à manger ? »
« Euh non… »
« Tu es souffrant, je vais te faire quelque chose. »
« C’est moi qui cuisine !! » s’exclama Dakan. Il se leva en un coup de tonnerre et se précipita dans la cuisine.

La Plaine Eternelle défilait sous la Cité Volante. Le squelette de Scarg, le Père de Tous les Dragons gisait toujours, blanchi par le temps et entremêlé avec celui de Mephisto, le Dragon Mécanique. Près de lui se trouvait son assassin, la carcasse de l’Yggdrasil, le Vaisseau-amiral de la Flotte Terrienne d’invasion, qui faillit détruire Aeternia lors de la Troisième Apocalypse. A l’horizon se profilait la silhouette de la plus étrange cité imaginée par des êtres vivants : Ys, La Cité-Mère, le plus puissant de tous les Pôles.
« Seigneur Ulthuan. Nous sommes prêts. »
« Actionnez les réflecteurs. Préparez le Portail. »
« Qu’allez-vous faire ? »
« Plonger au fond du Gouffre… Cette Cité est un Portail vers le Plan Psychique. Là-bas, les distances ne sont plus rien. Na’Bako sera à portée de main. »
« Et comment ouvrir ce Portail ? »
« J’y vais ! Je l’ai déjà ouvert une fois… »

« Sk’rii, voici la planète de notre destin à tous. Préparez vos hommes. C’est là qu’ils accompliront le leur. »
« Commandant, quel que soit le mal que vous ayez pu causer, menez votre mission à bien et vous serez le plus grand de tous les Terra Imperator. Rutherford compris. »
« Préparez les sondes et les modules de débarquement. Je veux uniquement que les hommes qui débarqueront là-bas soient sûrs et ne lâchent rien de nos secrets. C’est capital. »
« Bien. »
« Quelle ironie. Le premier combat fratricide entre T.I de l’histoire, et c’est moi qui vais le commander. »
« Vous descendez sur Aeternia ? »
« Non. Je vous laisse le commandement des opérations. J’ose espérer qu’Ulthuan sera au rendez-vous. »
« Et Kail ? »
« Et Kail. »

Ulthuan franchi le portail millénaire, sous les yeux inquiets de l’Etat-major. Une larme d’émotion perla au coin de ses paupières lorsqu’il se remémora son odyssée qui l’avait mené jusqu’ici la première fois. Kiara et Slaana étaient mortes à présent. La vie l’avait séparé de Kalagor, son frère d’armes. Guidé par sa mémoire, il se dirigea sans failles dans la ville qui avait vu trois apocalypses de succéder. Enfin, il entra dans la Tour, et gravit ses étages à présent sans voix, aussi seul que son hôte. La salle des commandes. Il ouvrit la trappe et pénétra dans le lieu où s’était joué le destin d’Aeternia la dernière fois. Là, c’était sur ce siège que Kiara pestait contre ce mécanisme inconnu, là, c’était Slaana qui contemplait Kain. A présent ces souvenirs étaient morts, seul lui restait.
Le psychisme déferla dans les circuits d’Ys. Les bâtiments, comme animés d’une vie propre, se dressèrent lentement pour reprendre la place qui était la leur, il y a dix mille ans.
« Mission accomplie. »

« On y va, Kalagor ? »
« D’accord. Tu t’es suffisamment bien défendu quand j’ai voulu te faire manger, je suppose que ça veut dire que tu es guéri. » Kalagor se massait les blessures dues au combat mentionné. Sa méthode de rééducation était particulièrement efficace : le sujet savait qu’il n’avait qu’à le combattre pour ne plus manger sa cuisine, que nous qualifierons au mieux d’exotique.
« On y va. »
Kalagor franchit le seuil de sa maison du désert pour la dernière fois de sa vie.
Dakan s’élança alors dans le soleil levant.
« Sus à Na’Bako ! »

Seal avançait de plus en plus péniblement à l’approche des nuées. De l’autre côté du Portail, l’univers semblait si différent, c’était une sensation étrange. Comme un appel à l’infini. Des distances infinitésimales séparaient nos étoiles tandis que ce qui était pour nous proche était aussi lointain que le bord de l’univers.
Ulthuan se tenait sur la rambarde à l’avant de du Palais.
« Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le cœur joyeux d’un jeune passager
Entendez vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent… »
Le bord de Seal toucha le Portail.
Et tout disparut.

VI°) Nuées.

Le voyage se passait plutôt bien. En deux jours, Kalagor et Dakan avaient parcouru plus de cent kilomètres. Ils abordaient à présent le célèbre désert de Na’Bako où tant de marins, tant de capitaines ne sont jamais allés, pour la bonne raison qu’il faut creuser deux cent mètres de sable pour trouver de l’eau. L’étendue mortifère s’étalait à présent sous leurs pieds toujours posés sur la roche affleurante du plateau.
« Pas accueillant, hein ? » commença Dakan.
« C’est le moins qu’on puisse dire ! Une fois, je me suis perdu, et là… »
« Euh, on avance. Garde ta salive, l’eau est précieuse ici. »
Tout heureux d’avoir trouvé un merveilleux prétexte pour empêcher Kalagor de raconter son histoire, Dakan se mit en route vers l’inhospitalier désert abritant en son sein Na’Bako, la Cité Morte, sa patrie.
Ils avancèrent ainsi deux jours durant, au travers de sables vivants qui virevoltaient au gré d’une insaisissable marée de forces psychiques. Dakan, intrigué, prit la parole :
« Tu vois ce nuage de poussière ? »
« La troupe de Nauthul, le combat a dû commencer ! »
« Hâtons-nous. En silence, bien sûr. » Dakan le trompe-la-mort avait encore frappé. Rongeant son frein, Kalagor avança à sa suite.

Premier jour d’assaut sur la Cité des Sables : le Siège.

Un continent. Au centre, un désert. Au milieu du désert, une cité. Morte pour être plus précis. Et même sacrément morte. Les bâtiments conservés par les sables arboraient des formes étranges et exotiques au milieu du désert inhospitalier. Cette cité était bâtie autour de ce qui semblait être un gigantesque volcan, mais des traces d’excavations prouvaient qu’il était artificiel. Dans le cratère se trouvait en réalité la partie vivante de la Cité : Na’Bako la Cité des Sables.
Bam.
Un bâtiment explosa dans un bruit de tonnerre.
Un Excruciateur T.I, espèce de gros tank en beaucoup plus méchant, venait de réduire à néant une maison. L’armée de Nauthul se creusait des artères dans la ville afin de mieux circuler.
Au bord du volcan se tenaient deux hommes habillés en blanc.
« Donne-t-on le signal ? »
« Oui. »
Des francs-tireurs apparurent au bord des maisons et commencèrent à canarder les troupes sans défenses. Les tirs ricochèrent sur les cuirasses blindées, mais quelques T.I tombèrent.
« Seigneur Nauthul, les ennemis ont tendu une embuscade. »
« Non. Une embuscade, on ne la prévoit pas. FAITES SAUTER LES CHARGES ! »
Des déflagrations soufflèrent le patrimoine architectural et archéologique le plus important d’Aeternia. La Cité Morte avait été réduite à néant.
Les poussières étaient si denses qu’il était difficile aux troupes sans masque de respirer. Repérés par leurs éternuements, les troupes de défense furent balayées en quelques instants.
« Comment avez-vous fait ? » demanda le lieutenant, admiratif au milieu des débris.
« Des escadrons sont venus la veille déposer ces merveilleuses petites machines. Combien de morts. »
L’hologramme de l’Exécuteur resté sur Eldar se brouilla et disparut.
« Bien. Le champ électromagnétique est activé… Ulthuan, ne me déçoit pas ! Ne me dis pas que c’est tout ce que tu as trouvé ? »
« Chef. Les capteurs indiquent une forte activité plasmatique du côté du volcan. »
« Le siège commence. Placez les pièces d’artillerie derrière les débris. »
« Oui, ô glorieux Empereur ! »
Son lieutenant parti, Nauthul se retourna vers le volcan d’où le narguaient les défenseurs.
« Riez tant que vous le pouvez. Le deuxième assaut que je conduis personnellement sur cette satanée Cité sera le bon. »

Le désert s’étalait devant Kalagor et Dakan. Le nuage de poussière qu’ils avaient aperçu du haut du plateau était désormais hors de vue.
« Comment on va trouver notre chemin ? » se lamenta Kalagor.
« On suit les vautours. »
« Hein ? »
« Regarde. »
Dakan désigna quelques points noirs dans le ciel.
« Mais qu’est-ce qui a pu les attirer ? »
« Je ne sais pas… »
Lorsqu’ils arrivèrent au point autour duquel tournoyait la nuée de charognards, ils constatèrent qu’un cadavre de T.I se trouvait là.
« Comment a-t-il pu mourir ? » demanda Kalagor
« Balle dans la tête. C’était un messager de Nauthul, ils se suicident après lui avoir délivré un message. »
« On n’a plus qu’à les suivre ! »
« Quelle puissance de déduction ! »
Dakan évita promptement le coup de Kalagor.

Ulthuan se tenait toujours sur le parvis de Seal. Autour de la Cité Céleste tournoyaient des reflets du monde matériels, enveloppés de la brume incertaine d’une autre réalité. Là, une planète émergeait du néant, tandis qu’une étoile explosait plus loin. Des armées gigantesques s’affrontaient en image, écho d’un passé lointain.
« Maître, que fait-on ? »
« Je me concentre. Il faut percevoir la brèche. »
« Pourriez-vous m’expliquer ? »
« Je croyais vous avoir dit que je me concentrais » soupira Ulthuan.
Il se mit à se mouvoir maladroitement.
« Enfin, tant pis, je réessayerais plus tard. Na’Bako est la seule sortie de ce monde. Cependant, j’ai parié sur le fait que le Portail était ouvert. J’ai envoyé quelqu’un pour l’ouvrir, j’espère qu’il ne s’est pas perdu en route, sinon on est fichus… »
« C’est une mission dangereuse que de rentrer dans une ville assiégée. »
« Ne vous inquiétez pas. Farath est autrement plus doué que Mahag. Elle ne se perdra pas, je la connais. »

« Atchoum ! »
Un homme visiblement étranger éternua dans la cité portuaire.
Le tenancier du restaurant dans lequel il se trouvait lui prêta attention un court instant.
« Quelqu’un doit dire du mal de vous ! »
« Mais non ! »
« Et donc, vous me parliez de pourquoi vous étiez là. Vous aviez une mission ? »
L’étranger but un coup de travers et s’étrangla. Puis il se leva d’un seul coup et détala, l’air visiblement horrifié, du bar. Visiblement, le barman avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas.